MITTERRAND LA GUILLOTINE SUR LA CONSCIENCE
LA GUILLOTINE SUR LA CONSCIENCE
Domination et ambition personnelle font bon
ménage en politique
ü Le
pouvoir s'il est amour de la domination, je le juge ambition stupide. Mais s'il
est acte de créateur et exercice de la création alors le pouvoir je le célèbre.
Antoine
De Saint-Exupéry
ü L'ambition est le dernier refuge de l'échec. Oscar Wilde
ü L'ambition
n'est jamais modeste. Si la modestie signifie avoir un succès médiocre, alors
je peux seulement dire : cela ne m'intéresse pas. Emmanuel Macron
-----------
« Fernand Iveton fut le seul Français à subir la guillotine pour avoir pris position avec le FLN du temps où François Mitterrand passait tour à tour de ministre de l’Intérieur à Garde des sceaux ». |
Anguille
sous roche
Il s’agit d’une phrase d’un anonyme
lancée de but en blanc à un inconnu au détour d’un échange de propos. Inconnu
qui eut l’outrecuidance de mettre à l’actif de Mitterrand « des »
guillotinés certes en passant, mais tout de même sur un ton indigné, voilà qui
faisait tant désordre dans des têtes blondes qu’elles en perdent le nord et
s’en défendent ; « non ça ce n’est pas nous, nous ne pouvons pas
faire ce truc moche et indigne… et puis quoi finalement ça s’est passé
ailleurs, qu’est-ce qu’on a nous à nous en faire, nous ne sommes pas pires que
d’autres, regardez le reste du monde : ils se bouffent les têtes les uns
autres. Non ça, pas nous ! »
Non certes pas vous personnellement. Mais Fernand Iveton est un des vôtres. Et lui accorder une pensée ne fera que vous grandir. Ne fera pas de vous des monstres. La vérité, la justice et l’honnêteté ne sont pas les valeurs d’un seul pays, qu’on ne partage avec personne, mais des biens appartenant à l’humanité qui sait se regarder en face, la complaisance avec le Soi ni rejet de l’Autre sous prétexte qu’il n’est pas le Même ne constituent son pain quotidien.
Attention ne prenez pas si vite et
dans son intégralité cette information avant d’aller jusqu’au bout.
D’emblée, comme vous le sentez sans
doute aussi, il y a anguille sous roche. Je vous en dirai pourquoi par la
suite. Vous le noterez par vous-mêmes – tant l’évidence n’est pas d’un seul
pays mais universelle et même polyglotte.
Vérification faite, ledit inconnu sut,
que l’information provenait à son contradicteur comme du pain béni d’une
manchette glanée sur le site d’un média, qui, lui, n’était ni inconnu, ni sans
mérite, dont, cependant, je me garderai de révéler l’identité.
Autant dire que ladite manchette
tombait du ciel pour conforter l’anonyme qui tenait mordicus au singulier
plutôt qu’au pluriel à ses yeux exagéré et irréaliste. Son rejet catégorique
que des Français aient pu payer le prix d’une mesure meurtrière paraissait
tenir d’un a priori. Il serait dans une posture de défense et de soutien à
l’égard de celui qui, à l’orée des années quatre-vingt, se faisait porter à la
tête de l’Etat français.
Quelle est donc la raison qui veut ne voir là que le cas isolé d’un homme ? Le plus simple aurait sans doute été de prétendre qu’on a livré le Français à la guillotine pour servir d’exemple à d’autres Français. Mais on peut dire que c’était « contreproductif » de tuer « des » Français par la guillotine. Et dans ce cas c’était reconnaître que le pire qu’on réservait à son ennemi n’était pas seulement d’obtenir sa mort mais nécessairement par la guillotine.
Voilà le temps peut-être où l’on ne
réserve l’horreur qu’aux étrangers.
Ainsi formulée, cette déclaration à
l’allure banale, voire commode, tiendrait en fait facilement lieu d’une
stratégie : minimiser et dédramatiser les retombées autant que possible.
Voire éviter de laisser prendre l’engrenage mis en place pour garder l’Algérie
comme désastreux ou impitoyable.
En effet, le terme « seul » isole
par principe. Voulu exclusif, il n’est pas sans être connotatif. Il est plutôt
malin qu’innocent. Le moins qu’on puisse dire porteur d’une intention. Selon
que l’on soit d’un bord ou de l’autre ce « seul Français à être guillotiné »
ne parle guère pareillement aux oreilles.
On est en droit de se demander sur
quoi le journaliste s’était appuyé pour être si affirmatif, et faire montre de
précision.
On comprendra mieux quand on sait que
les archives de l’époque avaient été longtemps tenues secrètes. Les dossiers
n’étaient pas tous consultables. Et en obtenir la moindre autorisation relevait
presque toujours de l’impossible. Toute idée donc d’existence de statistiques
fiables serait mal à propos. Le terme « seul », en tant qu’argument,
ne peut que faire pâle figure devant une réalité historique plutôt prolifique
en exécutions, qui, pour ainsi dire, n’en faisait qu’à sa tête.
Par réalisme, on doit douter de
l’innocence de ce détail, vraisemblablement tout apprêté par quelqu’un vivant
dans ses ténèbres, qui, l’occasion lui ayant été offerte, il régla ses
différends à l’emporte-pièce.
Tenir compte de ce détail plutôt
vicieux et oser le mettre sur le compte d’un parti-pris et d’une posture subjectiviste :
voilà qui pointe du doigt le rôle du soi plus soucieux du renom de l’histoire
communautaire que des réalités et de l’histoire en général.
Cette précision entend orienter les
regards vers l’idée d’un cas isolé qui aurait presque l’air d’un non-lieu. Elle
éviterait de jeter le discrédit sur un certain consensus national d’une part,
et opposerait d’autre part une fin de non-recevoir à ceux qui doutent de notre
iconique personnage de la gauche.
Et alors qu’elle mettait toutes les chances de son côté pour lui arroger un maintien de probité, elle se moque du qu’en dira-t-on puisque tout est faux et suspect, et il n’y a qui compte que l’esprit de clan, de parti, de famille, d’origine ou de race.
Des
tranchées d’en face.
On se passe bien de la pureté morale
et encore plus de celle politique puisque celle-ci ni celle-là ne nourrissent
de la faim ni ne sauve quand toute les portes se ferment et qu’on est pris pour
cible depuis les tranchées d’en face.
Ni les idéaux ni les valeurs ne sont
à aimer, à promouvoir ou à préserver. On inverse les lois, on marche sur la
tête, le mal devient le bien et vice-versa, seul compte la réussite et le
prestige, de toute façon la guillotine a fonctionné à plein régime grâce à des
hommes, comme vous et moi payés jusqu’au dernier centime. En toute légalité.
Toute une chaîne de personnes sous
les ordres de (qui en fait ?) chefs civils et militaires, qui, eux, à leur
tour, recevaient leurs ordres de préfets, de ministres et du président – sous
la bénédiction des élus, sénateurs et députés.
Le Garde des sceaux, lui, aussi, bien
sûr, concerné. Il peut n’être au regard distrait qu’un maillon parmi d’autres
de la chaîne. Mais qui pourrait dire si ce maillon était ou non de ceux qu’on
contournait aisément ? Avec du recul, maintenant que la page des jours sombres
a été tournée vers le bonheur, loin des horreurs, laissez s’appesantir,
voire durcir, le silence blessé, meurtri, traumatisé d’avoir tant hurlé sous la
torture pour lui donner juste un avant-goût de martyre qui l’attendait devant
cette chose, sa carrure et sa mine impure, son âme aride dans toute la désinvolture, incapable de rire, de sourire mais grinçant
plus fort que dix-mille porte en fer des prisons pour condamnés à mort,
grinçant toujours avant de tomber, jamais après, après elle se tait, devient
muette, retrouvant sa nature et le langage qu’elle sait tenir devant les têtes
allant en roulant vers le fond de son panier son récipiendaire saisi d’effroi
au contraire des hommes qui s’y trouvent tous bourreaux et soufflant d’aise de
pouvoir après cela rentrer chez eux s’asseoir devant le feu et portant leur
dernier-né sur les genoux frétillant au rythme des émois troubles d’hommes
lâches qui vivront longtemps mais que la mort refusera de leur donner le coup
de grâce pour les libérer de leur existence, les mains et les doigts crasseux
puant dan d’avoir aidé la guillotine quand elle rata son premier coup de
couperet et parfois le deuxième, voire
le troisième, sans que l’humain sommeillant au fond d’eux ne trouve jamais à
crier : Assassins !
Le silence s’épaississant et
durcissant donc avec le temps, vient l’heure de réussir son tour de main en
proposant le projet d’abolition de la peine de mort et de redémarrer plus fort
et plus respecté que jamais vers d’autres horizons, d’autres tentatives de
mieux aboutir et conclure sur un monde sans principes ni normes, monde des
coups d’Etat et des statu quo sans fin et sans raison que celle de la
domination grande sœur de l’exploitation de l’homme par l’homme.
N’en plus jamais parler et tout
s’effacerait comme sous des pluies torrentielles. Ainsi sans doute Mitterrand
aura-t-il pensé tirer son épingle du jeu, obtenir qu’un jour nouveau se lève et
tout le monde se prosterne comme devant Dieu lui-même.
D’ailleurs, au-delà de l’homme
politique charismatique qu’il fut, il incarne à lui seul un aspect de
l’histoire coloniale, c’est-à-dire un symbole puissant dans lequel vient
s’agréger en une union sacrée une humanité avec ses anciennes erreurs, ses
émois particuliers, ses volontés contrecarrées, ses rancœurs jamais apaisées,
ses souvenirs meurtris qu’elle ne laisserait jamais ternir, ses souffrances et
ses blessures, ses joies toujours
écourtées au milieu des nuits pleines de clameurs, ses tabous et ses règles
intransgressibles qu’elle partage avec lui tacitement, sans aller le crier sur
les toits… oui, oui, oui l’entre-soi c’est cela même…
L’on est dans le domaine périlleux du
choc des mémoires, dans un qui-vive permanent, toujours à gérer l’hostilité, à
revivre son passé. L’on est dans la recherche des raisons de la poursuite dans
la même direction. Et sans renier jamais rien de son histoire, à rester fidèle
à son credo : « Si c’était à refaire, je referais mon chemin à
l’identique ».
Qu’il n’y ait eu qu’un
« seul » Français face à la guillotine, voilà qui, aux yeux de
certains, justifie son usage et la rend souhaitable et même indépassable. Tout,
en tout cas, prête à trouver de bon aloi l’engin meurtrier qui fait payer au
« seul » Français les frais du soutien apporté aux Algériens. Il y a
là qui agit en vue de venger les morts des attentats du grand stade d’Alger et,
tout autant, qui participe à exonérer la France coloniale de ses forfaitures en
Algérie.
A travers l’Algérie revisitée,
remonte le souvenir de celui qui, quelque vingt-cinq ans plus tard, se fit
porter à la tête de l’Etat français. Lequel eut la rare condescendance
d’exalter les mérites de son ministre de la Justice. Et pourquoi donc ?
Simple, très simple… grâce à celui-ci, il peut en fait se féliciter d’être sur
le point de réussir le meilleur de ses faits d’armes. Meilleur parce qu’il est
celui que le monde entier retiendra le mieux de lui.
Il s’agissait en effet du Mitterrand
des débuts des années quatre-vingt, quand Robert Badinter, avocat renommé,
proposa le fameux projet d’abolition de la peine de mort. Projet dont, chacun
sait, le résident de l’Elysée corrobora l’idée, travailla d’arrache-pied à
l’avènement et à l’achèvement.
Dans
la même trajectoire
Quand Robert Badinter, le Garde des
sceaux, proposa d'abolir la peine de mort, combien de ceux qui connaissaient
l’histoire, ne se sont-ils pas un peu sentis menés par le bout du nez.
N’ont-ils pas pu s’empêcher d’ailleurs de rire sous cape ou se demander si
l’idée ne venait pas du président lui-même.
Mitterrand, voyant approcher les
vieux jours, se mit à repenser à son parcours. Autant dire la mort à ses
trousses. Autant dire une ombre au-dessus de sa tête planant avec persistance pour
lui rappeler qu’il peut être lui-même à n’importe quel moment à deux doigts de
la mort. Donc taraudé de mille remords.
La conscience de la faute plus présente, plus pressante. Elle lui faisait faire
d’incessants aller-retours dans le temps, l’oblige à reconnaître ses torts. A
regarder en face tous les morts qui ont jonché son parcours. Solder le passé.
Et, si besoin est, donner l’illusion de faire amende honorable. Montrer si
possible qu’on savait se rattraper, réparer, colmater…
Ce ne serait là certes que le fait
de notre imagination. Un point de vue subjectif. Mais, franchement, combien
nous sommes-nous écartés de la réalité ? Peu ou pas du tout, avouez. Tout
porte à penser que la mesure de l’abolition de la peine de mort tenait d'une
subjectivité qui a évolué vers un mea culpa, voire un retour sur ce qui faisait
tache dans un parcours – enviable pour certains, peu recommandable pour
d’autres.
Voilà en fait un sujet qui ne
réunissait pas l’unanimité de l’opinion – bien au contraire, la droite, qui,
comme à son habitude, se méfiait des mesures du nouveau gouvernement tournées
vers un futur affranchi et une société dite réellement évoluée.
C’était un de ces sujets qui, même au sein de la gauche, pouvait particulièrement froisser l’amour-propre et du président et de ses adeptes. Incitant il est vrai à la retenue dès qu’on revenait sur les années de plomb, la terreur et la fureur, en Algérie. Epoque où alors, Garde des sceaux, Mitterrand intégrait la guillotine dans l’arsenal formidable de la répression.
C’était le temps qui vit dresser
cette mécanique conçue par l’homme pour trancher les têtes dans les grandes
prisons d’Alger, de Constantine, d’Oran… le temps, en effet, où, au petit
matin, on sortait le condamné, l’être transi jusqu’au fond et le corps tremblant
de haut en bas comme un arbrisseau dans un vent froid et intenable.
Terrible instant où, au branle-bas
d’encouragements hurlés des compagnons de cellules, de bruits métalliques pour
décontenancer les bourreaux, impacter leurs consciences, faisaient écho les
you-yous stridents des femmes de la Kasbah. Le tout émaillé ou ponctué des
puissants « Allah-Akbar » et des « Vive l’Algérie » qui
emplissaient la ville sous couvre-feu : pressant la nuit de céder au jour.
Concert où tout est orchestré pour
entrer dans une spirale de violences propres à alimenter les haines et monter
les peuples les uns contre les autres des siècles durant et peut-être jusqu’à
la fin des temps. C’était placer la barre si haute et faire en sorte d’avoir le
bénéfice du dernier mot avant la fin de tout espoir de conclure jamais la paix.
Il n’y avait plus d’un côté et de
l’autre volonté que de monter toujours d’un cran la cruauté. C’était pourtant
là précisément, que les hommes, les vrais, songeraient à peser sur les passions
et à ramener le calme dans les cœurs et les âmes. En effet l’instant propice où
il aurait fallu aux hommes, les vrais, opérer une pause, mesurer la distance
qui les séparait de l’irréparable, réprimer ses haines, ses égoïsmes, ses instincts
primaires, sa nature sauvage et animale. Penser la limite à ne pas outrepasser.
Eviter que le conflit ne prenne place dans les habitudes et les esprits
collectifs ou ne continue plus tard en tiraillements intérieurs, contentieux
larvés porteurs de motifs, prometteurs de revanches et promoteurs de guerres à
refaire.
L’occasion aurait pu de fait être
saisie pour converger vers un débat réaliste qui tiendrait compte des droits et
des intérêts de chacune des parties, épargnerait des vies et rendrait possible
de se regarder en face quand les tornades auront passé, que les jours apaisés
apporteraient l’espoir dans les cœurs et les demeures restés intactes.
Le
débat guillotiné
On a guillotiné le débat parce qu’on
préférait gérer le problème des droits de l’indigène par un affrontement sur le
terrain de la violence où la supériorité de l’occupant n’est guère à démontrer.
Donc opposer l’arsenal dérisoire des bombes artisanales tenant dans un couffin
aux bombardiers larguant bombes, parachutistes, napalm sur les mechtas affamés,
sinistrés et sans défense.
C’était créer un climat de terreur
pour le dénoncer et s’adjoindre le soutien de l’opinion internationale qui
trouverait alors légitime la politique de la terre brûlée, condamnerait les
« misères » qu’on fait subir à la pauvre France.
On a bâillonné la parole
revendicative pour ensuite en venir aux têtes – comme pour arrêter ou tuer les
réflexes libertaires avant qu’ils ne viennent au monde semer la zizanie. Avant que des pensées subversives n’y entament
leur siège. La parole mise au pilori, on a désormais les coudées franches. On
se sera du coup assuré tous les droits. On sévira sans crainte en plein jour.
Pas besoin de légiférer outre mesure. Juste donner l’exemple. Montrer qu’on est
intraitable. Rien n’est plus démonstratif que d’user des bouchées doubles.
Abuser des pleins pouvoirs pour ensuite tuer la révolution à la source même.
On s’en est pris carrément aux
têtes. Au seul endroit qui échappait aux méthodes policières de contrôle
classique. C’était la solution extrême – pour ne pas dire finale et
irrémédiable. Pratiquer la censure par la guillotine ne fait pas que couper les
têtes : elle les censure pour que jamais les idées subversives ne trouvent
épaules pour supporter leur et pas qu’une fois – de façon irrémédiable. Les
rebelles n’en faisant qu’à leurs têtes, on les leur coupe et on en finit une
fois pour toutes et pour toujours. Les rebelles qui osent penser pouvoir un
jour réfléchir librement, décider de leurs destinées. Le chemin emprunté était
en fait celui de séparer les âmes de leurs corps, aussi simplement que cela.
C’est-à-dire les corps de leurs têtes. Les têtes tombant lourdement dans les
paniers apprêtés pour la circonstance.
Têtes recueillies comme des trophées
lors des safaris aux pays occupés. Ou encore sous influence étrangère. Produits
de la chasse à l’occidental, truffés d’arrogance. Fourrés de prétentions et
d’ambition. Instinct sauvage recyclé esprit civilisé. Prétendu humain. En fait,
animal vivant pour ses besoins. Faussement préoccupé du « vivre en
paix ». Se moquant de tout. De sa communauté comme de l’humanité entière.
Fernand Iveton : un juste
C’était le temps où la mécanique
coupeuse de têtes algériennes, de préférence indépendantistes, allait ajouter à
ses trophées celui du Français Fernand Iveton le 11 février 1957.
Lui si épris de justice, si
compatissant à la misère des opprimés, fraternisa avec les Algériens, épousa
leur cause. Lui si pur, si juste, si engagé décida d’emboiter le pas à ceux
qui, assoiffés de liberté, conjuraient leurs démons.
Il voyait à quel point les chances de
ces amis étaient amenuisées face à son pays dont il réprouvait les méthodes
impitoyables : poussant à la révolte les pauvres hères (peut-être
« hères » rimait-il forcément avec « frères » dès lors
qu’on raisonnait en communiste).
Il savait son pays fort et
redoutable, savait-il aussi ses « frères » déterminés. Qu’importe si
les forces dans ce corps à corps étaient inégales. Le sien de camp et l’espèce
de méthode pratiquée le rassuraient suffisamment. Les ingrédients étaient
choisis pour donner du piquant aux interventions : c’était souvent
l’adversaire suréquipé qui encaisse les coups et compte les pertes. Les soldats
français rentrés défaits d’une guerre en Indochine eurent d’ailleurs à
« croiser les tirs »… pour paraphraser « croiser les
fers »… dans les maquis algériens contre d’anciens compagnons d’armes tout
aussi doués qu’eux.
Fernand Iveton lia son destin à celui des combattants algériens. En homme averti et convaincu d’être engagé pour une cause juste, il répondait à ses propres aspirations d’homme libre solidaire contre la tyrannie. Il se savait là où il fallait être, dans son rôle, utile pour le triomphe de la justice. Il comprenait ses « frères », qui n’avaient guère d’autre à faire pour leur salut que de confier leur sort à Dieu. Lui, le communiste, comprenait parfaitement les espérances qu’ils mettaient dans le combat voulu singulier, âpre et nécessairement sans concession.
Il en fit d’eux des frères, des
compagnons de lutte, lia son destin au leur et mourut pour l’idée d’une Algérie
vive et libre qu’il se faisait jusqu’à sa mort et probablement après sa mort.
Il avait dit peu de temps avant de quitter ce monde : « Je mourrai
mais l’Algérie sera libre ».
C’était le temps de la justice à
multiple vitesses. La justice civile ne satisfaisait pas les autorités, elle,
si préoccupée du chaos dans lequel elle risquait de perdre son âme et les
limites qui lui maintenaient la tête hors de l’eau, du déshonneur, de la folie
et de la mort. Jugée inefficace et faisant du surplace, on lui préféra les
tribunaux militaires.
La machine s’emballait alors, qui
allait dans tous les sens, arrêtant qui elle voulait, torturait tout le monde,
obtenait les aveux qu’elle voulait, présentait aux juges des hommes et des
femmes qui iraient d’office à la guillotine… mourir de la pire mort.
C’était quand « bon
travail » rimait avec devoir mais surtout avec sanglantes conséquences et
familles atrocement endeuillées.
En métropole, si les juges n’étaient
plus aimables, ils ne nourrissaient pas autant de ressentiments que leurs
collègues natifs d’Algérie, qui, à l’instar des policiers et autres forces de
l’ordre, en avaient des rapports directs, étroits, égoïstes. Ils ne laissaient
aucune chance aux détenus d’échapper aux couperets grinçants, tranchants,
méchants, sans âmes des guillotines tombants bruyamment sur les cous dans les
petits matins et le noir finissant pour rendre soudain ses droits au silence
givré et craquelant sous les pieds des bourreaux rentrant auprès de leur
famille comme si de rien n’était, la conscience peut-être tranquille d’avoir
bien accompli leur devoir.
Quelle âme a-t-on et quelle conscience de la faute et du mal auquel on
aura participé ? Cela dépend du lien étroit ou non avec la mesure prise.
Avec l’ambition de ceux qui, témoins influents ou acteurs choisirent la
désinvolture, ne firent pas grand-chose pour empêcher la folie d’arriver. Ceux
qui, même, la voyant venir, optèrent d’arriver à leurs fins par l’horreur et
par la terreur n’ont-ils pas également éprouvé quelque extase ? Car,
sinon, pourquoi accepter si c’était si accablant qu’on le dit ?
Le lien est certes évident entre le
projet de loi de Badinter et la sinistre époque des pleins pouvoirs de
Mitterrand. Et ce lien mettait en exergue et de façon tonitruante le paradoxe
de l’homme revenu en quelque sorte à la raison qui était de réparer, de passer
l’éponge, de détourner les regards du passé sordide et de ne plus laisser
parler que le présent retapé de toutes parts et désormais reluisant.
Qui voit autre chose que cela est prié
d’éclairer nos lanternes.
Mitterrand : un homme d’ambition
Longtemps
Mitterrand a évité de revenir sur ce passé entaché et discréditant. Homme d’un
projet, devenir président, il appréhendait que ses adversaires politiques ne
lui rappellent ses seize mois passés dans le gouvernement de Guy Mollet. Son
talent d’Achille, là où ses résistances rencontraient plus fort qu’elles, était
justement d’aborder jamais la question de la peine de mort.
C’est ainsi que Robert Badinter
devait dire au cours de ses interviews à quel point la période de la guerre
d’Algérie a dû être intolérable à rappeler longtemps après à Mitterrand. Il
déclara en substance :
[Il] évitait d'en parler [...] Par
tempérament, il n'était pas partisan de la peine de mort. [...] il n'a pas été
un militant de l'abolition, c'est sûr. Je ne me souviens pas d'avoir eu la
moindre discussion philosophique ou morale avec lui à ce sujet, in Le Point
du 31/08/2001
Pas partisan de la peine de
mort ? Tiens donc ! Si ce n’est que ça… Il n’a pas milité pour
l’abolition. Ça tout le monde le savait. Monsieur Badinter, évitons les propos
alambiqués. Vous laissez comprendre tout et son contraire. Allez, disons-le simplement
et plus convaincant : le président a la guillotine sur la
conscience ! Ça oui, on peut le répéter dans toutes les langues du monde.
François Malye, quant à lui, ne s’en
embarrasse guère de dire ce qui est évident et n’oblige en principe à nul
détour : « Cette affaire lui était restée comme une faute qu’il avait
commise, en tout cas quelque chose dont il ne pouvait pas supporter
l’évocation ».
*
Mais ne perdons pas le fil. Revenons
au dada qui allait préférer Mitterrand à ses concurrents de droite.
C’est-à-dire son programme politique tacticien d’homme rompu dans les manœuvres
et de meneur on ne peut plus ambitieux.
C’était une question phare qu’il
fallait savoir poser par tout candidat à la magistrature suprême, censés en
effet faire connaître sur quoi pouvaient porter les changements décisifs en vue
d’une France nouvelle, réellement inscrite dans la modernité parce qu’elle
saura se distinguer de l’actuelle, et mieux briller.
Visiblement le président, pour quelque
motif que ce soit, veillait à la chape de plomb sur son passé régalien de
ministre de l’Intérieur et de ministre de la Justice : deux fonctions où
il se distingua par une sévérité meurtrière. Donc deux tumeurs qui menacent
d’être cancérogènes.
Il refusa la grâce à
presque tous les condamnés à mort (par guillotine), les Algériens en tout cas,
responsables peu ou prou d’attentats terroristes ou d’activités politiques
subversives sous la houlette du FLN. De loin plus sévèrement que René Coty
(1954-1959), son président.
Il n’est pas jusqu’à ceux dont
(comparaison faite avec les détenus métropolitains) le dossier et les charges
se distinguaient par leurs minceurs, qui ne virent leurs grâces rejetées.
C’était l’homme dont les discours
revenaient avec fermeté sur ce que l’Algérie était la France. Tous ceux qui
essaient de l’en dissocier seront combattus et sévèrement châtiés. La France
s’étendrait jusqu’en Afrique. Ce sont là ses propres mots. Il prônait d’être
intraitable, voire mettre tous les moyens pour le faire comprendre. La
guillotine était de la partie. Était la France. Était Mitterrand. Et n’aimait
pas les Algériens. Place à la justice expéditive et la torture mises à
contribution. C’était pour la bonne cause. Des moyens qui firent parler d’eux.
Forcément, ils portèrent la terreur dans tous les foyers.
Les têtes se mettent en effet à
tomber à une allure d’ailleurs si frénétique que les attentats du FLN se mirent
à redoubler, surenchérissant avec la perte des limites du pouvoir colonial qui
appelait de ses vœux le chaos.
Le
passé disgracieux de la droite
Selon que l’on soit de gauche ou de
droite, cet aspect de l’homme fut à cacher ou à exhiber. Les réalisations de la
gauche depuis le XIXème siècle ont toutes été montrées comme désastreuses pour
la productivité et pour la souveraineté de la France. Entendre par là le
travail à sept ou huit ans, non-stop jusqu’à la fin de la vie, le weekend, la
retraite à 65 ans (la moyenne de vie à 55 ans, la conquête des libertés
sociales, le travail sans vacances etc.
C’était fort de ces acquis de la
gauche tout au long de son histoire qu’il se lança dans la course au pouvoir
contre une droite qui a toujours trouvé là des arguments sinon laxistes du
moins assez permissifs.
A Mitterrand donc de poursuivre dans
cette voie qui « libère » certes le peuple mais surtout lui permet de
se maintenir au pouvoir. Encore et toujours l’ambition. Il arracha le pouvoir à
la droite en 1981 sur des convictions qu’il résuma à peu près de
« conquête du temps de vivre ou de bataille pour le temps de vivre »
Tout cela quand les arguments de la
droite s’énonçaient sur le mode des faux-semblants et des vaines promesses.
Comme une tendance à trouver le moment mal choisi, à trouver des vertus à
exploiter l’homme ; et même les moins de dix ans (envoyés dans les mines),
à trouver l’idée excellente mais meilleure pour plus tard. Il en appellera à
jules ferré et la mesure grâce à lui passée, de mettre l’école à la portée de
tous les enfants sans distinction de classes sociales.
Que de bonnes volontés exhibées en
fait pour les besoins de ses desseins. L’essentiel est de parvenir à ses fins,
atteindre le but qu’il s’était fixé depuis longtemps : être président, apporter
quelques retouches au déjà-existant, travailler à redorer son prestige, revenir
sur ses pas, effacer ses traces, surfer sur les principes de la gauche tout en
étant de droite, paraître enfin comme le plus humain des hommes que l’histoire
ait jamais comptés.
Les
guerres d’ambition
Mais là où il misa gros et mit tout
son tact pour se rendre des plus sympathiques c’était de s’attaquer au gros
tabou de la peine de mort, de paraître débordant de réalisme et d’efficacité,
tout plein de disposition à jouer sa conscience et son âme pour que son pays ne
soit ni déclassé ni perdre de sa superbe.
Qu’il puisse, comme il le fit,
sortir comme un cheveu de la pâte, voire indemne de tout reproche, ne l’a pas
assagi pour autant : ses raids meurtriers avec Bush le père sur un Irak,
sous embargo, exsangue et presque sans défense ne le montrèrent guère comme un
empêcheur de donner la mort.
Mitterrand un croisé des temps
modernes. Qui aurait dit ? Qui aurait dit que la droite de ses
coreligionnaires Chirac ou Villepin lui infligerait un jour une si magistrale
leçon d’humanisme. Il n’était pas là où il devrait l’être : dans la
défense des valeurs de la gauche. Loupé ! C’est la droite qui, pour une
fois, sauva sinon l’honneur de la France. Et du Français qui a de tout temps
séduit et inspiré les étrangers.
L’ingérence dans
les mœurs
Ainsi donc l’ambition frappe-t-elle
encore. Ce propos de
François Mitterrand le confirme. Il dit selon Hubert Védrine :
Si la France ne participait pas (à
la coalition anti-irakienne), elle serait moralement, militairement et
diplomatiquement discréditée sur les terrains européen et euro-atlantique où au
même moment se jouent son crédit et son rôle à venir. H. Védrine, Les Mondes de
François Mitterrand. À l’Élysée, 1981-1995, Fayard, Paris, 1996, p. 527.
Mais poursuivons. Voyons son
comportement en Afrique. Toutes sortes de forfaitures. Chassez le naturel il
revient au galop. C’est en néo-colonialiste qu’il se comporta avec les pays
africains, en nation soucieuse de ses intérêts dans le continent, jouant du
torse et des gros bras pour imposer ses désirs à certains, ses hommes et ses
agents, intervenant militairement tantôt aux côtés du pouvoir en place, tantôt
avec des mouvements insurrectionnels.
Avec l’Afrique il ne changea
presque pas de discours. Il est la France arrogante qui ne dispose plus de ses
colonies mais continue à leur donner des leçons de tenues, allant de la mise en
garde aux ingérences et aux coups d’Etat. Il est la France et la France a des
ambitions – donc comme lui. Qui se ressemblent s’assemblent.
Il ne se passe pas une année sans
que l’on entende parler d’interventions directes, soutiens prononcés au régime
ou à l’opposition, manœuvres militaires ici, opérations là : dont la plus
célèbre qui emprunte son nom aux pierres précieuses, brillantes et d’un beau
bleu vert foncé ou entre les deux : « Turquoise ».
Comptons : Libye, Zaïre, Rwanda, Tchad, Somalie, Togo, Gabon, Comores… De
1988 à 1994… une à deux interventions ou ingérences chaque année.
De
même dans les Balkans où un soutien à un dessein politique fut apporté. L’Union
européenne devrait être avantagée. Il y va de sa sécurité et de celle du vieux
continent. Encore une fois on voit Mitterrand confondre ambition personnelle et
ambition nationale.
*
Notons en passant que la
colonisation de l’Algérie a été de celles qui ont le plus longtemps duré. Si le
sinistre Code de l’indigénat a été entériné en 1881 en tant que loi, dans les
faits il était appliqué depuis déjà 1846 et ne sera abrogé qu’en 1946. Un
siècle donc de mesures iniques et draconiennes qui ont rendu à l’autochtone
l’existence on ne peut plus infernale. Celui-ci dut subir ses affres au
quotidien, dans tous les aspects de la vie, comme une malédiction. Emporté dans
le fleuve toujours torrentiel, tumultueux, violent, grouillant de blocages,
d’interdictions, d’arrestations, de privations, de supplices, de restrictions,
de misère, de famines, d’épidémies, de maladies, voire des cocktails dont on
meurt sans erreurs. A ce point en effet
que la population algérienne balançant de pire en pire déminua mine de rien
d’un tiers. C‘est dans le sillage du code de l’indigénat que Mitterrand dut
sans doute inscrire son geste. Code taillé à la mesure de la foule des gueux
pour juguler leurs mouvements, leurs voix et leur foi, parer pour empêcher
actes isolés et débordements, prévenir troubles, émeutes et excès d’émois. Dans
la poursuite du Code, Mitterrand rangea sa détermination de Garde des Sceaux
inflexible, drapé dans son jusqu’au boutisme diablement efficace, muni de sa machine
tueuse (dans l’œuf) de la révolte… pour en fin ramener le calme aux honnêtes
gens.
*
Revenons au « seul »
Européen que Mitterrand ne sauva pas de la guillotine, qui, en fait, fit les
frais des morts dans l’attentat du grand stade d’Alger.
Que Mitterrand use d’un aussi redoutable moyen (la guillotine) ne
saurait aller au-delà de la considération d’un intérêt national en jeu et d’une
menace. La situation inspirait la panique. On voyait l’avancée à grandes
enjambées d’un mouvement. On s’en prendrait à la population pied-noire. Mais
voilà qu’on ne laissera personne toucher à un seul de ses cheveux. Des
Mitterrand veillent. Et c’est ainsi que la guillotine devint gage de
solidarité. Ce n’était certes pas du tout avantageux, il le savait, pour ses
rêves de futur président. Mais il n’en étendrait pas l’usage à cette population
qui de toutes façons n’irait jamais jusqu’à l’irréparable. Ses mesures sont
d’autant plus destinées aux seuls Algériens qu’elles sont énergiques, coriaces,
impitoyables…
Ce n’était pas non plus à lui qu’on
donnerait des leçons de populisme. Un Français de plus ou de moins, voilà qui
ne fâcha ni ne compromit moralement personne – Mitterrand, de surcroît,
puisqu’il veillait au grain… au grain et aux siens.
La guillotine ne chôma pas
en Algérie. Dernière exécution en décembre 1960. Dans Le Point du
28 août 2001, François Malé faisait état de 222 guillotinés mais cela
comprenait les exécutions en métropole. Tout compte fait rien ne permet
d’énoncer avec précision le nombre de Français condamnés à mort. Il est rappelé
que
[…] Les noms portés sur le répertoire des recours en grâce ne
permettent pas de déterminer avec certitude l’origine des condamnés. Ces Français soutenant le FLN, en outre, se
revendiquaient algériens.
Voilà un silence sinon meurtrier du
moins complice d’un État qui, pour réparer le désordre, l’appelle de ses vœux,
va rétablir l’injustice dans ses droits, porter aux nues l’arbitraire. C’est
devant tant de désordre que le cri indigné de Jean-Paul Sartre fuse soudain,
alertant les consciences et les secouant, chassant la torpeur qui les maintient
au fond de leur sommeil comme une neutralité, mais fausse et souvent acoquinée
avec le Mal.
En mars 1958, en effet, le
philosophe engagé, voire l’auteur de L’Existentialisme est un humanisme,
dénonce dans sa revue Les Temps modernes : « Nous sommes tous des
assassins ». Car donner à la guillotine Fernand Iveton, un des siens, ou
qui que ce soit d’ailleurs, c’est non seulement se résigner, se dessaisir
de son destin et de sa conscience mais se suicider, ne plus être de ce monde ou
de l’humanité.
Bibliographie
•Coignard, J. (2010). Crime et châtiment. Connaissance
Des Arts(680), 90-95. Consulté le 9 24, 2023, sur http://cat.inist.fr/?amodele=affichen&cpsidt=22411806
Fernand Iveton. (s.d.). Consulté le 9 24, 2023, sur Wikipédia : l’encyclopédie
libre: http://fr.wikipedia.org/wiki/Fernand_Iveton
raina. (2017). Le colonialisme est un crime contre
l’humanité » (Henri Alleg), Bengana et Iveton. Consulté le 9 25, 2023, sur
http://raina-dz.net/spip.php?article1469
•Coignard,
J. (2010). Crime et châtiment. Connaissance Des Arts(680), 90-95.
Consulté le 9 24, 2023, sur http://cat.inist.fr/?amodele=affichen&cpsidt=22411806
•Fernand Iveton. (s.d.). Consulté le 9 24, 2023, sur Wikipédia :
l’encyclopédie libre: http://fr.wikipedia.org/wiki/Fernand_Iveton
raina. (2017). Le colonialisme est un crime contre
l’humanité » (Henri Alleg), Bengana et Iveton. Consulté le 9 25, 2023, sur
http://raina-dz.net/spip.php?article1469
•Justice et
droit d'exception en guerre d'Algérie (1954-1962), Sylvie
Thénault, in Les Cahiers de la Justice 2 013/2 (N° 2), pages 71
à 81, Éditions Dalloz.
•Les
guillotinés de Mitterrand, Le Point du 28 août 2001
•François Mitterrand, un guillotineur en Algérie, in Le Point Emmanuel Berretta, publié le 4 novembre 2010 à
12 h 40
•Jacqueline Guerroudj, Des douars et des prisons, Alger,
Bouchène, 1993, 152 p. (ISBN
978-2-84 109-003-7).
•François Marini, La Guillotine d'Alger ou les ronces du
Clos Salembier, Paris, Éditions du Panthéon, 2 013 (ISBN
978-2-7547-2094-6), roman.
Se souvenir :
•Joseph
Andras, De nos frères blessés, Arles, Actes Sud, 2 016 (ISBN
978-2-330-06 322-1), roman lauréat du prix Goncourt du premier roman
2 016 mais refusé par le récipiendaire — Ce livre retrace la
vie et l'action de Fernand Iveton en se fondant sur l'ouvrage de référence de
Jean-Luc Einaudi, Pour l’exemple, l’affaire Fernand Iveton.
•Le
personnage du communiste pied-noir dans le roman de Rachid Boudjedra paru en
1990, Le Désordre des choses (titre original en arabeفوضى لأشياء) est une
claire évocation de Fernand Iveton,
•La pièce de
Richard Demarcy Les Mimosas d'Algérie retrace, à l'aide d'une fiction,
la vie et la mort de Fernand Iveton. Écrite en 1991 elle est créée à Alger le
28 août 2002.
•Une ruelle
porte le nom de Fernand Iveton à El Madania (anciennement le Clos-Salembier)
sur les hauteurs d'Alger où il est né et où il a vécu, ainsi qu'une rue dans le
quartier d'El Derb à Oran. Dans un premier temps débaptisée en
septembre 2016, cette rue d'Oran a retrouvé son nom quelques jours plus
tard, à la suite d'une pétition en ligne.
Bribes
éparses :
•Du temps où Mitterrand était au gouvernement Guy Mollet, 45 condamnés à mort sont
guillotinés. Le Garde des Sceaux, émit sur les demandes de grâce 80 %
d’avis défavorables.
•Albert Smadja se souvient des derniers moments,
ému : « Iveton nous a
embrassés… Moi je suis resté debout, jusqu’au moment où on a entendu à trois
reprises le couperet qui tombait. Ça fait un bruit que vous n’oublierez plus
jamais… »
•L'avocat est arrêté deux jours plus tard, avec d’autres
confrères est détenu deux ans pour avoir défendu un membre du FLN.
•Hélène, la veuve de Fernand Iveton est licenciée et
rentre en France. François Mitterrand, qui abolit la peine de mort 24 ans
plus tard, en 1981, resta pour sa part hanté
par l’affaire, qu’il n’évoquera jamais en public.
•Djohar Akrour, Baya Hocine, Djamila
Bouazza, Djamila Bouhired, Jacqueline Guerroudj et Zahia Kerfallah furent
condamnées à la peine capitale mais les événements précipitant les accords de
cessez-le-feu, la guillotine les rata de peu.
Source : Djamila Amrane, in Les femmes algériennes dans la guerre,
Paris, Plon, 1991, p. 98, et confirmée par le répertoire des recours en
grâce.
•Il est impossible de
préciser le nombre de Français condamnés à mort
Car les noms portés sur le répertoire des recours en grâce ne
permettent pas de déterminer avec certitude l’origine des condamnés.
Ces Français soutenant le FLN, en outre, se
revendiquaient algériens.
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