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Ce blog contient mes articles. Mais aussi des commentaires sur mon ouvrage "L’Écriture de Rachid Boudjedra". Ici, je réagis à l'actualité, partage mes idées et mes lectures. Mohammed-Salah ZELICHE

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mardi 12 décembre 2023

LE CHOIX D’ONFRAY Camus versus Sartres


LE CHOIX   D’ONFRAY

Camus versus Sartres

*

Un complexe d’identification

 




          Le choix d’Onfray. Amour pour Camus. Révulsion envers Sartre. On ne commande pas aux sentiments. J’en conviens. Mais à la raison, on peut quand même. Regardons donc de plus près. Je n'invente rien. Je ne fais que reprendre Onfray. C'est lui qui le dit. Pas moi. 

          Il serait plus proche de Camus que de Sartre. Sartre serait belliqueux. Et Camus pacifique. Binarité. Méchant versus gentil. Voilà le monde selon Onfray. D’ailleurs Onfray n’est pas le premier à sacrifier à ce clivage. Toute une problématique. Sur laquelle je me suis déjà penché dans un de mes livres à paraître. Sur Camus. Enjeux de la critique. Sujet bourré d’explosifs. Le risque est grand. A manipuler scrupuleusement. Avis aux téméraires. En cause la part particulière de l’inconscient. 

          On suivrait certains on marcherait mieux sur la tête. Je n’exagère guère. Mais revenons à la binarité posée par le choix d’Onfray. Camus versus Sartre. Onfray et Camus : fils de femmes de ménage. Pas Sartre. Lui descend de la bourgeoisie. Ce qui serait un tort – avec un peu d’effort. D’une mère, qui, de sa vie, n’aurait peut-être jamais touché un balai. J’extrapole ? Pas beaucoup. Juste ce qu’il faut. Pour dire quelle était l’intention. Mais poursuivons. 

          D’avoir appartenu par sa famille à la bourgeoisie, semble-t-il, ne permet pas de faire de Sartre un homme de gauche. Ni de lui donner aucun droit de défendre les causes justes de l’époque. Allez savoir. L’Algérie, le Vietnam, etc. Voire le napalm. Les « bidons spéciaux ». Largués du ciel. Comme une malédiction. Sur les maquis algériens. Et même sur les douars. Pour tuer la révolte. Brûler faune et flore. Voire tout ce qui bouge. Rôtir vif l’humanité qui s’y est réfugiée. Qui refuse de se mettre au pas. Avec et aux côtés de la France impériale. 

          C’est là juste un petit rappel. Situer qui de Camus et de Sartre est belliciste et sans cœur. Camus Prix Nobel : une voix qui porte loin. Qui peut contre la guerre mais qui se tait. Qui se cache. En attendant que les avions par escadrons rentrent dans leurs bases, satisfaits du travail de sape. Camus se tait pendant que l’Algérie brûle. Oh certes certains le montraient agissant dans l’ombre pour la paix. Faux ! Rien de tout cela. Comme d’autres il doit attendre que Bigeard et autres Aussarresse passent le pays au peigne fin. 

          Sartre, lui, criait à tue-tête contre les pilonnages et les bombardements, contre la guillotine : « Nous sommes des assassins ». Et voilà qu’on vient nous dire maintenant de marcher sur la tête pour mieux voir le monde. Non désolé : c’est là la vérité pendue par le pied droit. Flagellée et retournée contre elle-même.     

          Sérieusement… le choix d’Onfray a à peine été émis qu’il proclame son nom. Apriorisme. Parallélisme pressé de conclure, d’épiloguer sur le bien et le mal. C’est de décréter sa propre morale qu’il s’agit. Et quelle morale ! Sa vérité. Dire tout le bien d’un camp pour renvoyer l’autre au pilori. 

          Arbitraire érigé en loi. Manichéisme sur toute la ligne. On va sur la base d’une coïncidence ergoter de moralité. S’autoriser de juger qui on veut. Dresser mine de rien des réquisitoires inouïs. Voilà qui nous éloigne de la philosophie. Mais ne nous limitons pas à ce parallélisme. Et poussons. Un peu de réflexion ne nous fera pas de mal. 

          Que partage vraiment Onfray avec Camus ? Eh bien tout le reste dont il n’a pas dit un seul mot. Citons la question algérienne. Ils ne l’ont pas à la bonne. Ces deux-là. Esprit de clan. Parti pris quasi familial. Citons l’engagement politique de Camus. Engagement fait de silences, faux-fuyants, échappatoires, petites formules allusives, pirouettes stylistiques, poissons noyés, ruptures, reniements… 

          La question algérienne fait faire à Camus bien des détours éloquents. Que de non-dits en fait. Et d’incohérences que ses nombreux fans préfèrent enjamber.

           Bref, Onfray se reconnaît en Camus et du coup épouse ses thèses plus politiques que philosophiques. Camus philosophe ? Peut-être un peu. Comme Onfray, BHL, Finkielkraut, Bruckner… philosophes nouveaux. Autoproclamés. Et en fait, vivant des miettes de la philosophie classique pure et dure, Sartre, Heidegger, Kant, Derrida, Deleuze, Nietzche, Hegel… et les origines. Plutôt commentateurs de textes qu’inventeurs.  

            On a là en Onfray comme en d’autres d’ailleurs un parfait exemple de complexe d’identification. 

 

                    Mohammed-Salah ZELICHE

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