Les sentiers...

Ce blog contient mes articles. Mais aussi des commentaires sur mon ouvrage "L’Écriture de Rachid Boudjedra". Ici, je réagis à l'actualité, partage mes idées et mes lectures. Mohammed-Salah ZELICHE

Ma photo
Nom :
Lieu : Chartres, EUR-et-LOIR, France

dimanche 3 septembre 2023

Le fabuleux destin des renégats Aux pays des mirages

 

                                                   

Le fabuleux destin des renégats

                                              Aux pays des mirages 


« Comme un pays de milliers de fous oisifs qui se promènent dans le cosmos avec des étiquettes et des crayons pour écrire des choses sur les surfaces. Ecrire quoi ? Les deux mots magiques du binaire islamiste : ceci est haram, ceci est hallal. C’est le mode de calcul favori du cerveau local depuis deux décennies : catégoriser les objets de la création avec deux concepts à l’origine alimentaire et sexuel : Hallal ou Haram. Licite et illicite. Cela rappelle un peu le sport favori des anciens colons et leurs ancêtres les explorateurs », Kamel Daoud, extrait d’un article, débutant sur le ton d’une généralité (Des millions qui n’écrivent que deux (02) mots) mais en fait une spécialité de l’auteur de Meursault, contre-enquête : s’étant fait l’habitude de revenir dans sa chronique hebdomadaire du « Point » comme dans la presse de son pays. Paru sur la page Facebook de « Chroniques algériennes ». Et daté du 27 août à. 15h.



                                             _________________________

Je ne tiens pas mon texte pour une critique pure et dure de la pensée de l’auteur mais comme une occasion de rebondir et d’abonder dans une réflexion qui engloberait plutôt des états d’esprits arabes et en tous cas algériens.


            L’intellectuel algérien dit occidentalisé, donc nécessairement plus ou moins déraciné, philosophiquement et physiquement délocalisé, voire décontextualisé et dénaturalisé, sans pour autant arriver à s’intégrer entièrement dans  son point de chute, ni rompre aucun pont d’aucune sorte avec ses origines car resté agrippé par la manche, gêné aux entournures, quand bien même il paraitrait adhérer à son nouveau monde, ou avancerait sans façon, ne dépense pas moins tant d’effort à accorder ses contraires, cela a tout l’air d’une mainmise sur sa conscience, d’indépendance mitigée non-autonomisée, cela s’appelle aussi remords, scrupules, retenue ou d’embarras profond, mais cela interpelle, et à juste titre s’interprète et se remarque comme un gros nez au milieu du visage, le dicton n’est-il pas explicite qui nous rappelle : chasser le naturel il revient au galop,  car, en effet, l’arrachement  au soi communautaire, fût-il violent et prétendument définitif, n’empêche guère un « petit chouia » du moi premier et/ou primitif de traverser la Méditerranée et de continuer à exprimer ses avis, « petit chouia », soit dit en passant, comme on dit de l’autre côté de la Méditerranée, par goût du pittoresque, pour singer les indigènes d’hier, leur rappeler leur passé de sous-hommes, de colonisés… voire un certain triomphalisme à peine avoué destiné aux ancêtres réprouvés, récemment abandonnés, trahis, dont la logique, mise au ban des accusés et répudiée, qui, eux, crient revanche : honte au renégat ! et, ainsi, mine de rien, tandis que les fesses entre deux chaises lui coûtent déjà l’écartèlement et la schizophrénie, voilà que tout menace de s’effriter en lui, voilà qui divise, désagrège, pulvérise, émiette, disperse et anéantit, non sans d’abord donner le la aux légions des voix, aux chants des démons hantant l’être comme qui dirait quelque demeure abandonnée, livrée aux fantômes de tous les vents, de tous les temps et de tous les camps, tant est si bien qu’on ne sait point à quel saint désormais, ni à quel dieu se vouer, encore moins sur quel pied danser, tant restent intraitables les contraires, les chocs et les démons intérieurs, bien impatients, eux, d’en découdre avec ce qui diverge du communément admis, dépare de l’ensemble par fatuité consciente ou inconsciente ; lesquels démons et autres entités contraires, déjà à l’œuvre, rompent eux-mêmes avec la totalité, l’unité et la cohésion des origines ; et alors qu’ils commencent à se défaire et à se dissocier, à se repousser et à s’accuser de leurs grands maux, impitoyablement et sans rémission aucune, d’ailleurs se tenant les uns les autres un langage d’étrangers ou des tranchées, on devient inévitablement, parfois ou même souvent, faux-culs ; on succombe au faux-semblants, au paraître, aux malaises de l’être et autre vague à l’âme mais tantôt vis-à-vis du Même tantôt vis-à-vis de l’Autre, on aura soi-même choisi ses référents, ses maîtres à penser, ses démons, ses amis, ses frères ennemis, ses prophètes, ses anges, ses songes, ses vérités, ses sages et ses mensonges ; on oublie ou on ignore ses origines, on ménage le chou et la chèvre, plus la chèvre que le chou en fait, passant d’un antipode à l’autre, alternant les contraires, les nuances et les contrastes, de là, avec deux rives écartelant l’âme, la damnant et la condamnant, en arrive-t-on au supplice que supporte que les résignés, les sempiternelles coincés, pris en tenaille et ayant abandonné toute idée de lutte ou d’engagement, pourvu bien sûr qu’on n’en perde pas pied, et qu’on en sauve un minimum de prestige, de dignité et de fierté ; la tête hors de l’eau et nullement obligé de s’exposer, encore faudra-t-il tout prévoir, tout remettre à zéro et ne plus *retomber dans l’engrenage ; pourvu donc que le deal paraisse juste, consensuel et fasse bon effet sur les consciences d’habitude averties, entre les deux, donc tantôt oublieux tantôt ignorants, mais à bon escient, drôlement à bon escient, perdant ainsi le sens de la mesure, perdant la cadence des origines, perdant la mesure et le rythme, redoublant d’erreurs et d’incohérences, on ronronne pour effacer les ratés, bref on  se met à chanter faux, la voix, rogue domine, voix reconditionnée, refaite et recyclée, s’élève au-dessus du chœur, le meurtrit et l’estropie, tranchant dans le décor, l’abimant furieusement et le saccageant, le révélant aux yeux comme un danseur certes très appliqué mais piètre danseur, au pied bot, et claudiquant, ainsi, quand, prenant la défense de la femme à l’occidentale, le sexe faible battu, maltraité, humilié, mis au pilori, sa défense laisse entrevoir un machisme tapi dans l’antre de l’être depuis des millénaires, mais, emmené dans ses bagages devient anti-machisme, retourné comme les manches d’une veste portée à l’envers par le déraciné à l’insu de lui-même, non des siens qu’il a quittés, l’ont eux-mêmes excommunié, et sans doute à l’insu de ceux qui l’ont intégré et qui ne sauraient être critique de leurs travers, c’est là une réalité des regards prisonniers d’eux-mêmes et des reflets des miroirs choisis sciemment pour leur montrer des facettes imaginaires, supposées les définir et les honorer, préférant donc à la réalité n'importe quoi, voire tout et son contraire, pourvu que le soleil tape si fort les têtes, fasse sonner les cymbales, que les mirages enjolivant sachent parler aux regards des assoiffés, qui, errant dans un désert brûlant, voient surgir du sol tant de fontaines que les paradis leur envieraient. A chacun son mirage en fait, à l’ancêtre fanatique le sien et à l’enfant prodigue le sien, deux mirages planent dans l’espace qui font à chacun ce qu’il aime voir, ce par quoi précisément le rêve de chacun se trouve habité, nous sommes à l’évidence issus de nos parcours particuliers, la résultante d’un CV bourré de prétentions, d’aspirations et d’inspirations, autoprogrammés pour être ceci ou cela dans un monde que nous n’avons pas choisi mais arrangé et modifié selon les préconçus de chacun, en tout cas dans la voie du fatalisme et du passéisme, du conservatisme et du stationnaire, du moderne et du changement à la vitesse sinon de la lumière du moins du TGV, et au milieu de tout cela il y a l’existence où l’on se bouscule, se récuse, se juge, se maudit, s’agresse et s’empresse, quand au bout du compte le rendez-vous de tous est le même, la mort, la finitude, le jugement dernier, l’au-delà ou pour d’autres la fin de tout, les uns œuvrant donc pour mériter  leurs paradis, les autres pour une plénitude sur terre, ici et maintenant : pas ailleurs ni plus tard ou plus loin ; c’est au côté dérisoire de notre existence que j’ai pensé aussitôt dès les premières lignes d’un article de Kamel Daoud portant sur ceux qui en sont encore à imaginer nos vies en fonction de la binarité licite/illicite qui clive les relations, dérive nos êtres de leurs voies et leur fait faire aux yeux des uns les pires choix, aux yeux des autres la résolution du siècle qui garantit jusqu’au paradis, de tous les maux que cela génère il en est un qu’on n’est pas près de résoudre depuis le siècle de Voltaire et, peut-être, ne le sera jamais jusqu’au siècle des siècles  

 

Le fabuleux destin des renégats

Aux pays des mirages

                                                   

 

                                  .