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Ce blog contient mes articles. Mais aussi des commentaires sur mon ouvrage "L’Écriture de Rachid Boudjedra". Ici, je réagis à l'actualité, partage mes idées et mes lectures. Mohammed-Salah ZELICHE

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mercredi 24 novembre 2010

ZELICHE (Mohammed-Salah), L’écriture de Rachid Boudjedra. Poét(h)ique des deux rives Par Claire RIFFARD



ZELICHE (Mohammed-Salah),

L’écriture de Rachid Boudjedra. Poét(h)ique des deux rives

Par
Claire RIFFARD

L’ouvrage de Mohammed-Salah Zeliche se présente comme une analyse de l’écriture du romancier et essayiste algérien Rachid Boudjedra. En réalité, il s’agit davantage d’un parcours de réflexion et de confrontation avec une œuvre pétrie d’ambiguïté, qui se trouve ici convoquée pour mise à nu de ses mécanismes esthétiques et idéologiques. D’où le sous-titre de cette étude : Poét(h)ique des deux rives. M. Zeliche organise son questionnement autour de trois approches : psychanalytique, poétique/linguistique et politico-idéologique.

Dans la première partie, il choisit de remonter aux racines de l’écriture, en interrogeant les prises de positions de l’écrivain face à la société algérienne, prises de position fortement marquées par les clivages contemporains, Boudjedra se positionnant délibérément dans une logique binaire, du côté de la modernité face à la tradition vécue comme aliénante, ou bien du côté de l’écrit individuel face à une oralité anonyme. M. Zeliche montre la démarche de rupture identitaire de Boudjedra, qui fonde son identité publique sur l’obsession de la lutte contre l’oppression, et sa démarche d’écrivain sur une quête de justice. D’où une écriture de la violence, une esthétique de l’excès et de la contradiction suggérée dans l’étude par quelques exemples, mais essentiellement développée dans la deuxième partie, consacrée aux influences qui traversent les œuvres, et aux moyens artistiques mis en œuvre dans l’écriture.

Ce deuxième pan de l’étude recourt à l’intertexte célinien présent dans l’œuvre de Boudjedra, ainsi qu’aux échos des romans de Claude Simon et de Gabriel Garcia-Marquez, pour montrer comment Boudjedra s’approprie des formes à des fins idéologiques. L’analyse de la composante célinienne dans certains des romans de Boudjedra, notamment Le Démantèlement, est tout à fait symptomatique d’une écriture de la discordance, de la haine, où ‘’ discours et parole ne s’articulent pas‘’ et tordent la syntaxe, car ‘’ils visent à la discontinuité sur le fond comme sur la forme‘’ (p. 119). Quant à Claude Simon, il inspire le roman de Boudjedra, La Prise de Gibraltar, à travers les symboles utilisés (celui de l’arbre au premier chef, des couleurs et de la putrescence), mais aussi une écriture conçue comme continuum de la pensée, où description et action deviennent indissociables. On retrouve enfin chez Garcia-Marquez, dans le roman Les 1001 années de la nostalgie, pour son traitement des thèmes de la solitude, de la nostalgie et de la panne du temps.

Mais face à ces figures de référence, quelle identité de l’écriture ? Comment revenir à soi ? Le retour de Boudjedra par les mystiques arabes est une tentative pour libérer l’écriture de ses obsessions, en rétablissant un lien entre sources orientales et sources occidentales. Cependant, si la mystique soufie s’affranchit des dogmes, la subversion des signes opérée par Boudjedra reste de type idéologique. La dernière partie de l’ouvrage, plus proche de l’essai que du décryptage systématique, réfléchit sur le rapport de Boudjedra à sa société, à son histoire et à la langue d’écriture. M. Zeliche propose de lire le travail de Boudjedra comme une quête bipolaire condamnée à l’aporie, car ignorante du mouvement dialectique qui introduit un troisième terme.

Ce parcours de M. Zeliche dans l’œuvre de Boudjedra est riche d’une connaissance profonde de l’œuvre, mais aussi de l’univers mental dans lequel elle se construit, s’exprime et se fige. M. Zeliche sait avec une très grande justesse relever les contradictions d’une écriture excessive qui, voulant porter la subversion au cœur de sa société, se trouve parfois piégée dans de nouveaux systèmes d’allégeance.

Claire RIFFARD

Pour citer cet article :

Article publié par la revue Études Littéraires Africaines (Littérature berbère, dossier préparé par A. Bounfour et Salem Chaker, professeurs à l’Inalco, Centre de recherche berbère), n° 2006/21, pp. 85/86/87

Lire sur le même sujet :

Rachid Boudjedra, un auteur scandaleux ?, par Kasereka Kavwahirehi
Le commentaire de Max Vega-Ritter
Le commentaire de Eleonora Hotineanu, paru dans la revue Europe, avril 2006


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jeudi 11 novembre 2010






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vendredi 28 novembre 2008

Dans la spirale de la conspiration culturelle


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DÉBAT

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La Nouvelle République - 3274 - Mardi 25 novembre 2008

Dans la spirale de la conspiration culturelle

Oripeaux et fourberies des prêtres laïcs (III)




III/ Le sarcasme : fondements et prolongements


Prétextes sont tous ces appels à Voltaire et à ses pairs. Derrière, on doit voir se profiler quelque chose de pervers, dissimulant piètrement la perfidie et la mauvaise foi.


En effet, qu'y a-t-il de ressemblant dans l'affaire de Charlie Hebdo et celle du chevalier de La Barre – celui-ci écartelé, cinglé, torturé à mort pour s'être abstenu d'ôter son chapeau au passage d’une procession religieuse ? Incomparables ! C’est pourtant cette affaire que l'on prend toujours comme exemple de « délit de blasphème ». Au point où aujourd’hui Philippe Val atrocement blessé dans son orgueil titre son livre : Reviens, Voltaire ! Non pas seulement pour justifier son islamophobie mais encore pour dire son indignation à l’égard de son collègue Siné et ceux qui hier l’épaulaient devant les juges.


Or le terme de blasphème n'a de sens, avons-nous dit, que dans le cadre de la religion du blasphémateur. En dehors, l'on est plutôt dans la provocation. En conséquence, il y a distorsion du sens au moins par décontextualisation. Il y a confusion volontaire. Surtout refuge et subterfuge. Valeurs républicaines ? Un écran fumigène comme tous ceux des concepts éculés invoqués à tout bout de champ. Mais Charlie Hebdo y trouve son compte, y trouve matière à se victimiser en qualifiant son procès d'obscurantiste et de chasse aux sorcières. En réalité, il est loin d'honorer le principe de liberté d'expression, de pensée ou de création ; comme, d’ailleurs, d’assumer courageusement son rôle de provocateur.


Aujourd'hui, le « délit de blasphème » n'est pas l'apanage des seules religions mais, sans généraliser, il est aussi celui des laïcs. Car qui peut nettement affirmer si l’allégation de délit de blasphème n'est pas ici l'alliée vénérée d'un racisme culturel, d'une conviction laïque qui ne transcende son Moyen-âge obscurantiste que pour y retourner ? Les caricatures islamophobes sont la caractéristique d’une lutte constante avec l’Autre – précisément, avec la différence dans ce qu’elle a de culturel, religieux et psychologique. Dans ce cas de figure, on le constate, le moindre est de voir venir à la charge avec des préconçus dépourvus de générosité et souvent générés par la peur d’être désavoué. De là le langage et les jugements d’emblée dévalorisants sur l’Autre qui orientent vers des lendemains sinon apocalyptiques du moins hostiles.


De là la roue infernale du mépris !… tournant à l’infini.


Trouvons ici l’émanation du rejet primesautier des colonisés d’autrefois. Rejet pouvant, par une nature substitutive et/ou extensive, selon les circonstances et les enjeux de l’heure, affecter l’habitant des banlieues comme l’étranger sans papiers ou toute entité aux accents fort évocateurs de condition inférieure. En cela, les fameux dessins danois constituent une attaque à l’endroit de l’Islam commençant à faire partie du paysage européen, des symboles dans ce qu’ils ont d’étrange et d’Étranger. Ils sont le lieu d’un défoulement de haine au moins inconscient et d’un rituel conjuratoire de la peur.


Imaginez des poupées vaudoues qu’on transperce de mille et une aiguilles pour ruiner l’Autre et ses moyens ! Imaginez encore la poupée vaudoue de Sarkozy piquée aux testicules, aux oreilles, au nez, aux fesses… même symboliquement il ne l’a pas supporté… la France entière l’a entendu ‘’hurler’’, lui, le témoin moral de Philippe Val. Conflits des symboles mais aussi des mythes et des territoires. Ces gestes dans le cadre d’une cabale exercent une pression sur les consciences et les imaginaires. Mais pas seulement : ils s’emploient contre les lois pour les faire ployer au profit d’un culte plutôt qu’au profit d’un autre. Au profit d’un nationalisme plutôt que d’un autre…


Parquer l’Autre et le taguer est en définitive un trait de la caricature qui ne sait pas ne pas essentialiser, globaliser, grossir, exagérer, déformer dans un langage de mégère impuissante à laquelle il reste la force diffamante de la méchanceté. Or « Lorsqu’on leur dit : ‘’Ne faites pas de mal sur la Terre !’’, ils répliquent : ‘’Nous ne sommes que des réformateurs.’’ [1]»


À quoi joue-t-on donc ? N'y a-t-il pas là en fait des raisons occultes hautement stratégiques qui outrepassent le cadre de la stricte réalité française ? C’est le lieu d’en parler. Les médias de la trempe de Charlie Hebdo servent à quelque chose. À faire monter la mayonnaise ! À coup de fouet, de matraquage, de répétitions… ils persuadent les esprits, les gavent dans leurs râteliers, pour ensuite les envoyer aux abattoirs. Ils sont l’offense que rien ne sépare des offensives, hardis aux côtés des escadrons qui sèment la peur et sèment la mort. Avant-gardes comme arrière-gardes, ils arment allégrement les canons de préjugés, de ressentiments, de mots mensongers, de haines irascibles, séculairement ancestrales… pour des tirs groupés et ciblés.


Il suffit aujourd’hui de mettre sur le grill un sujet… appelons ça terrorisme, islamisme, intégrisme, fanatisme, intolérance, droits des femmes, États voyous, dictature, privations des libertés… pour que le mélange du vrai et du faux opère. Saveur exquise ! Ça aiguise les appétits de guerre, chatouille les narines des croisés attardés. Des Talibans à la guerre d’Irak en passant par le 11 septembre, les médias n’ont guère cessé de postillonner… tant et si bien que la folie a recouvré ses pleins droits. Des Talibans en traçant tout droit vers la Syrie et l’Iran de Mahmoud Ahmedinejad… et en passant par l’agression du Liban ! Cela, pendant que l’étau infernal se resserre sur Gaza. Et alors que ses populations croupissent dans le malheur, creusent des tunnels pour échapper à leur sort, les médias parlent du Hamas, des poils de sa barbe, de sa keffieh. Voire des enfants kamikazes qui troublent le bleu du ciel et le paradis israélien.


Il faut appeler les choses par leurs noms. Reconnaître que ce breuvage dont on soule le monde est concocté pour obnubiler les regards. Présenter l’État d’Israël comme un modèle de démocratie, un pourvoyeur de liberté, encerclé par un monde arabe intolérant, arriéré, belliqueux, revanchard, fermé sur lui-même… que sais-je encore ?... voilà qui s’appelle élever l’imposture au-dessus de tout. Élever des remparts autour de la dernière citadelle du colonialisme. Et l’imposture est justement de sacraliser les agressions d’un État qui – depuis sa création, pour ne pas dire son implantation – déstabilisent le Proche-Orient et le monde entier.


Certes tout le mal ne vient pas que d’Israël et de l’Occident. Et les Arabes et les Musulmans ne sont guère excusables quand il s’agit de leurs entorses évidentes aux libertés, à la démocratie et à la laïcité. Quand il s’agit de sortir des carcans du passé, du monnayage de celui-ci et qu’il faut actualiser les réflexes… Quand il faut désigner franchement l’horreur de certaines pratiques antédiluviennes – au lieu de les légitimer au nom de l’Islam. Mais là est une autre question à la résolution de laquelle seuls les intéressés sont conviés qui, eux, s’engagent avec sincérité quand ils le peuvent.


Sincèrement, l’aberrance des aberrances reste le fait de demeurer aveugle face aux déviationnismes des vieilles démocraties. C’est de persister à ne pas comprendre qu’on ne peut préjuger de l’heure à laquelle la course prend fin. A ce sujet, et quant aux résultats, rendez-vous est pris dans dix ans, un siècle ou un millénaire… Pour l’instant, rendons-nous compte : au nom de la démocratie… mine de rien…on rase des villes, déstabilise des pays, provoque des génocides.


Entre le discours de certains et le massacre d'innocents, il n'y a souvent qu'un pas à faire. La transgression de cette ligne s’avère d'autant plus régressive qu’elle ouvre la voie à l’arbitraire et à l’injustifiable. L’affaire des caricatures ne consiste pas dans un simple dérapage verbal. Elle ne représente en rien un aspect de la communication – étant par essence liberticide, distorsion du sens, vanité des individus et des groupes, affront au goût et à l’art eux-mêmes.


Bref, la stigmatisation des inepties de l’Autre illustre bien une façon de se pardonner à travers lui. Elle demeure inséparable des machinations qui engendrent les boucs émissaires et les guerres. Le signe avant-coureur en est l’hystérie qui accompagne le saccage de certains symboles et la mise à l’index des minorités – ce à quoi se sont adonnés les caricatures danoises et Charlie Hebdo.


Mohamed-Salah ZELICHE


(Suite et fin)


[1] Coran, sourate de La vache, verset 12.


POUR CITER CET ARTICLE :

Mohamed-Salah Zeliche, "Dans la spirale de la conspiration culturelle.
Oripeaux et fourberies des prêtres laïcs (III)",
http://sentiers-sentiers.blogspot.com

Ou

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mardi 25 novembre 2008

Dans la spirale de la conspiration culturelle.


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DEBAT

La Nouvelle République – 3273 – Lundi 24 novembre 2008

Dans la spirale de la conspiration culturelle

Oripeaux et fourberies des prêtres laïcs (II)

Ce qui jadis est commis au nom de la religion peut l'être de nos jours au nom de la raison, de la laïcité, du reste au nom de la doxa. Et, de fait, celle-ci revêt aujourd’hui les oripeaux de l'ordre ancien et de la terreur divinisée.


II/ Si le ridicule tuait…


C'était la religion qui, hier, expliquait le monde. Ce sont la psychanalyse, la philosophie, l'anthropologie, l'ethnologie, la sociologie… qui, aujourd'hui, prétendent nous en éclairer. Mais si l'on a tendance à dire que la philosophie est la mère de toutes les sciences, il faut reconnaître que la religion en est le sein – certes contesté. Platon, le pourfendeur des mythes en montre tout de même dans son œuvre de sectaires et déplorables survivances.


On peut dire autant de Philippe Val, même si comparaison n’est pas toujours raison, lorsque face aux organisations musulmanes il invoque le retour du délit de blasphème. Cela, alors qu’il a lui-même son veau d’or, ses idoles qu’il adule et adore au point de vouer aux gémonies quiconque les touche. Philippe Val, digne promoteur des caricatures danoises, de la pensée libérale et des valeurs humaines, s’avère n’être qu’un sectaire… sarkozien dans les tripes !


Voyons comment appréhender le mot blasphème et osons cette approche. C’est à la fois une attitude de révolte et un aveu d'impuissance. Au refus des choses de changer leurs cours, le blasphémateur oppose ses griefs, son exaspération et sa haine. Ce qui ne veut pas dire, bien évidemment, que toutes les révoltes sont malsaines ou déloyales. Ce qui ne signifie pas non plus que le blasphème n'est guère parfois un signe de clairvoyance. S’il est en soi la critique par excellence, il ne passe pas moins à côté de la réalité et du bon sens. C’est donc lorsque la religion ou tout discours uniformisant cessent de convaincre ou d’être cohérents et qu’on s’en offusque au point de scandaliser.


Le « délit de blasphème » est quant à lui situable dans ces trois exemples. Son supplice, Jésus Christ le doit à un blasphème qu'il aurait commis à l'égard de la religion de l'époque – à laquelle on aurait pensé qu'il appartenait d’office. Itou pour le chevalier de La Barre (1746-1766) considéré comme blasphémateur envers le christianisme, auquel, au regard de l'Église, il était sensé se dévouer corps et âme. Itou pour Voltaire qui avait pris sa défense et dut fuir pour échapper lui-même au châtiment. D’où, si on sait bien regarder : insulter une religion qui n'est pas la sienne n'est guère du point de vue de celle-ci le blasphème dans le sens d’apostasie mais une agression étrangère. Aujourd'hui, certes, on utilise le terme à tout-venant. On peut commettre un blasphème simplement parce qu’on n’a pas prêté attention à une œuvre communément admise. Et, tenez-vous bien, on peut en commettre envers la ‘’liberté de dénigrer et d’offenser’’… tout comme lorsqu’on a déploré l’abusive machination de Val et ses pairs.


Au regard de la laïcité ? Il pourrait s'agir d'agression, d'incitation à la haine et à la violence. Par exemple : quand on outrepasse le cadre individuel de la liberté de penser et de croire. Quand on empiète sur le terrain de l’Autre ou qu’on écrase ses salades. Quand cela prend l'ampleur d'une cabale de nature à corrompre les rapports interhumains, à compliquer l'existence à un groupe et à exciter sa colère pour ensuite la retourner contre lui. C’est lorsque la sensibilité d’autrui entend être respectée mais qu’on lui oppose une panoplie d’arguments vieux comme le monde et guère en vigueur. Genre : inquisition, délit de blasphème, refus de la critique et du progrès. Le tout présenté sous le label du très sacré et très sucré rationalisme… et avec un refus notoire de comprendre qu'il ne suffisait pas de hisser la bannière de celui-ci pour en être aussitôt un adepte honorable.


La laïcité donne le droit de ne pas penser comme les autres. Sous aucun prétexte, elle ne donne celui de bousculer leur foi. Elle sert le progrès et la raison mais n’est ni le premier ni la seconde. Sa raison d’être est que l'absence de toute modération attise les tensions, qui poussent et la logique et le progrès à s'exiler. C’est ce qui permet aux religions d’exister et de coexister. Loin d’elle, en principe, toute idée de cantonner aucune d’elles, elle leur procure la possibilité de conjuguer leurs énergies autour d’un idéal commun : la construction du pays. Elle fait cohabiter toutes les différences, gérant leurs mouvements à l’image des feux tricolores aux intersections. Sachant que nul ne détient la vérité absolue ou que nul n'est en droit d'imposer sa logique aux autres, elle propose d’être la synthèse et le bon sens parce que résultant de l'égard qu'on accorde aux choses, aux hommes et au monde. Elle est la pondération qui invite à trouver un terrain d'entente et appelle à s’inspirer les uns les autres. Voire le langage qui ne peut s'accommoder de l’arrogance ni du mépris envers l'Autre. De là

dans la conjoncture délicate des luttes politiques, des règles de la démocratie, du respect de l'intégrité de la personne – fût-ce au détriment de nos bouillantes convictions –, il faudrait nous garder d'aller au-delà de ce que peut supporter le débat [1].

Mais Val n’est pas à un affront près envers les Arabes, ses ennemis traditionnels. Pour ne pas dire contradiction.


Sa prise de parole à l’annonce de sa relaxe a sans doute subjugué le public très nombreux. Il invite les organisations musulmanes « à continuer ce débat pour dénoncer le choc des civilisations et l’inimitié programmée ». Mais cette bonne volonté n’était qu’épisodique. A peine retrouve-t-il ses pantoufles et la douceur des origines qu’il reprend du poil de la bête. Et, obsédé qu’il est, il se remet à sa branlette : les Arabes pendant la seconde guerre mondiale aurait couché comme un seul homme avec Hitler – et sans préservatif. En réalité, son string porte la griffe du Mossad… et ce n’est pas grave, paraît-il. Arrimé à l’idée d’une compromission des Arabes avec Hitler, il oublie que celui-ci pouvait être l’aubaine qui, à l’époque, les délivrerait de l’enfer colonial. De la conjuration d’Israël et des Alliés. D’aucuns diront, à la façon dont on le voit couché à la renverse : à chacun ses gigolos.


La critique désobligeante a beau montrer qu’elle est scandalisée, elle échoue d’entrée de jeu à parler aux esprits. Ses perspectives ne consistant pas dans le dialogue mais dans le déni de l’Autre et dans l’idée préconçue que celui-ci est culturellement et psychologiquement sous développé. Elle a beau fustiger le terrorisme, le racisme, l’intégrisme, le nazisme, le fascisme, le stalinisme… elle n’en reste pas moins elle-même la voix exaltée. Elle est la parole sans partage ! A moins bien sûr qu'on n’ait grand besoin de choquer, scandaliser, attirer l'attention sur soi, susciter des solidarités et des sympathies malsaines, on ne mange pas de ce pain qui ne mérite aucun éloge.


Or ça rapporte…il faut le dire… la haine de l’Autre. Qui peut en effet savoir mieux qu’un directeur de journal que la façon partisane de traiter certains sujets est à même d’entraîner des ravages ? La publication des caricatures, dites du prophète Mahomet, est révélatrice de l’existence de non-dits, d’enjeux et en somme d’intention de nuire. Elle a, au demeurant, sorti Charlie Hebdo de l’anonymat, décuplé ses ventes malgré sa médiocrité, permis à son directeur de monter ses grands chevaux pour attaquer une communauté dont il n’a aucune connaissance véritable.


A retenir qu’entre Voltaire et Val il n’y a de commun que la lettre qui commence leurs noms. Le Traité sur la tolérance, et l’esprit qui les caractérise n’ont nul besoin d’être exhumés, rappelés ou réhabilités : sachant le relativisme des jugements auxquels Voltaire recourt autant pour marquer les espaces spécifiques que pour en désigner les interdépendances. Les appels lancés à travers cette approche n’ont de sens ici que par le renom de Voltaire, par ce qu’ils apportent de détours au polémiste. C’est là l’entreprise d’une vue réductrice qui trouve son salut dans le décentrement de la question.


Du coup, on le constate, la tolérance devient simple prétexte.


Mais voici une autre voix au « génie » consistant dans le scandale qu’elle appelle. Elle se dit avant-gardiste, mais mêle la boue, la bouse, le fiel, la fiente et le sang des innocents :

Chaque fois que j’apprenais qu’un terroriste palestinien ou un enfant palestinien ou une femme enceinte palestinienne, avait été abattu par balles dans la bande de Gaza, j’éprouvais un tressaillement d’enthousiasme… (Houellebecq) [2].


Traîné devant les juges, Houellebecq pourra toujours user du prétexte que l’auteur n’est pas le narrateur – sans pourtant jamais désavouer celui-ci. Insulter un peuple qui souffre de la domination d’un autre et en faire porter le chapeau à un personnage pseudo fictionnel : c’est, en fait, non pas seulement accabler le Palestinien mais faire fi de l’humain et reléguer la culture dans les cloaques de l’insalubre.


Trouvons dans cette « perle » un lien biologique, significatif d’un racisme primaire. Quand bien même Philippe Val tiendrait un « certain » sionisme pour de l’antisémitisme et du racisme, il l’ajouterait avec bonheur à son trophée. C’est un délire d’anéantissement de l’autre s’appuyant sur l’esprit des Lumières pour entraîner sa ruine. Son caractère est morbidement jouissif, dès lors qu’on considère le déluge d’applaudissements qui accompagna tant la relaxe de Val que celle de Houellebecq.


Face à une telle parole, Voltaire perdrait volontiers son sang froid au point peut-être de couper la langue à son auteur. Il est vrai qu’il n'y a là rien qui soit de l'ordre du blasphème. Mais encore moins qui s'apparente à la critique digne de ce nom. Et si ces propos (comme les caricatures islamophobes) ne déstabilisent guère l’Islam, il reste qu'on doit montrer leurs ressorts pitoyables. Voire relever les incohérences et les échappatoires de la justice française : elle relaxe Val au prétexte que ses caricatures ne visent qu’une fraction de musulmans et elle fait autant pour Houellebecq, ne jugeant ses propos attentatoires qu’à l’Islam, non aux Musulmans.


Si le ridicule tuait… beaucoup ne seraient pas aujourd’hui de ce monde… qui se porterait peut-être bien.


Mohamed-Salah ZELICHE




(A suivre…)



[1] Cf. notre article, « Fiction et réalité : dépassement et diffamation »,

sur sentiers-sentiers.blogspot.com/

[2] Michel Houellebecq, Plateforme, Paris, Flammarion, 2001.

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POUR CITER CET ARTICLE :

Mohamed-Salah zeliche,

« Dans la spirale de la conspiration culturelle. Oripeaux et fourberies des prêtres laïcs (II)»,

http://www.lanouvellerepublique.com/pdflnr/2008/11/25/lnr.pdf

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mardi 30 octobre 2007

Fiction et réalité : dépassement et diffamation






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Article rédigé par Mohamed-Salah Zeliche paru sur COME4NEWS le 30 oct. 2007

La littérature comparaît à la barre. Au cœur du sujet : une intention de nuire. Elle est tantôt déboutée tantôt acquittée – à l’égal de sa commère la caricature, fort bien applaudie dans la relaxe de Charlie Hebdo.

Sur son site, Jean-Marie Le Pen communique à la presse l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) dans l’affaire qui l’opposait à l’écrivain Mathieu Lindon, son éditeur P.O.L. et Serge July, directeur de Libération à l’époque des faits. Lapidaire et sans état d’âme, le communiqué désigne ces derniers comme d’indéniables diffamateurs – la justice française les ayant déjà désavoués.

L’accent est mis sur le fait que c’est « la réalité et non la fiction » qui a été jugée. Entendre : si le texte incriminé prétend être une fiction, les faits, eux, restent du ressort de la réalité. C’est leur utilisation, autre réalité, que le FN souhaite apporter à la connaissance de l’opinion. Pour ce parti comme pour son président l’arrêt de la CEDH a valeur de démenti des idées qui leur sont opposées. Ils ne sauraient espérer meilleur appui à leurs desseins politiques.

Les faits remontent à 1998. Mathieu Lindon publie un « roman » s’intitulant Le procès de Jean-Marie Le Pen. Y est évoqué la mort à Marseille d’un jeune homme comorien (Ibrahim Ali) entraînée par des colleurs d’affiches du FN. Mais on y est revenu aussi sur l’assassinat, le 1er mai de la même année 1995, du jeune marocain (Brahim Bouaram) jeté dans la Seine par des skinheads lors d’un défilé parisien du parti de Jean-Marie Le Pen. Lequel, dans la foulée de la narration est qualifié de « chef de bande de tueurs », de « vampire » et de menteur.

Serge July, lui, fait paraître une pétition dans Libération, permettant à 97 écrivains de soutenir l’auteur – ce qui n’est pas pour minimiser l’effet des propos incriminés. La justice française y voit là un comportement propre à exhorter à la violence. Et – quand bien même Jean-Marie Le Pen aurait été déjà condamné pour délit d’opinion – la CEDH, saisie à son tour, ne déroge qu’à peine aux jugements des tribunaux de Paris. Trois des quatre passages impliqués sont jugés diffamatoires.

La part de la fiction et de l’imagination est sans doute remarquable dans le livre de Mathieu Lindon. Néanmoins, de faire valoir que son entreprise est fictionnelle ne lui a été d’aucune utilité. Le titre est explicite. La personne à qui il impute les faits est – comme l’énonce l’article 29 de la loi sur la presse – clairement désignée. Par là, le délit de diffamation davantage établi. Ainsi l’auteur a-t-il inversé la donne – en étant aussi intraitable que le FN est ‘’dangereux’’. Il franchit la ligne qui aurait pu assurer à son travail le statut de fiction. Du coup, sous sa plume le texte devient un passage à l’acte ; tout au moins un acte matériel et une pratique réglée. L’éthique alors interpelle le justiciable qu’est l’auteur.

Nous sommes loin de Roland Barthes qui, évoquant L’Etranger, prête de la blancheur à l’écriture de Camus. Laquelle consiste dans un style quasi journalistique au moyen duquel, face à l’Histoire, l’auteur adopte une posture détachée propre à lui éviter les écueils. Loin, certes, également, des Mandarins (1954) où Simone de Beauvoir, grâce à un ‘’puzzle’’ dont elle a changé et interverti les noms des protagonistes, aurait prétendu qu’Albert Camus avait commis un faux témoignage. Mais là aussi les faits ont parlé qui appartenaient à l’Histoire – n’en déplaise à l’auteur qui refusa de l’admettre. Il y a chez tout écrivain une charge affective latente, parfois intense, qui amène à recourir à l’esthétique. Et cette esthétique formante, transformante, excitante… n’arrive à ses fins qu’en recourant à l’indirect.

La littérature n’est pas supportée quand elle accuse sans apporter de preuves. Ni quand elle excite âprement ce qui est intimement profond dans l’être, qu’elle s’empare d’un des versants de l’affect pour lui prêter une coloration diffamante. Ni encore quand, à travers un cas isolé ou individuel, elle impute la faute à tout un groupe, à toute une culture pour les offenser, les provoquer, inciter à les haïr et à les excommunier. En somme, le caractère est pervers d’une telle parole – le locuteur entendant Etre à travers la négation de l’autre.

Notons que si l’intention de nuire est souvent flagrante, elle n’a pas toujours requis le même jugement de la part des tribunaux. L’on en veut pour preuve l’affaire Houelbeq dans son déchaînement contre l’Islam. Mais aussi l’affaire Charlie Hebdo dans ses caricatures, relaxées sous des applaudissements. L’un comme l’autre ont suscité des solidarités fort peu honnêtes. Cela, alors que la défense trouve une échappatoire dans le clivage Islam/intégrisme. Elle oriente les regards vers celui des versants qui n’a de renom que celui de la violence. Ici également la donne est inversée mais au bénéfice de l’offense et de l’incitation à la haine.

Présent dans les situations d’intolérance et de rejets, dans les phénomènes de groupes, dans les questions identitaires..., l’affect procède pour donner raison à la seule mêmeté. Il marque de son empreinte la volonté de soumettre l’autre à une vérité proclamée comme plus loyale. Les écrits tendancieux puisent dans son magma sulfureux quand ils ‘’passent à l’acte’’. Il est la force à l’état brut et primitif et la forme qui entend dominer de toute son étendue. Mais, en réalité, l’art comme la littérature ne sauraient s’accommoder que de son versant positif – celui qui permet de communier avec le monde.

Moralité : dans la conjoncture délicate des luttes politiques, des règles de la démocratie, du respect de l’intégrité de la personne – fût-ce au détriment de nos bouillantes convictions –, il faudrait se garder d’aller au-delà de ce que peut supporter le débat. M.-S. ZELICHE.

Pour citer cet article :

Mohamed-Salah Zeliche, "Fiction et réalité : dépassement et diffamation", http://sentiers-sentiers.blogspot.com/

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mardi 23 octobre 2007

La mémoire, l’émotion, l’enjeu...






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Article rédigé par
Mohamed-Salah Zeliche
paru sur
AgoraVox





Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, s’en prend aux enseignants des lycées qui refusent de lire la lettre de Guy Môquet. Il les qualifie de corporatistes tout en leur reprochant de «prendre en otage un moment d’émotion collective». Cela, précise-t-il, pour des raisons qui n’ont rien à voir «avec le contenu de la lettre ni avec leur devoir de professeur ou leurs scrupules d’historiens». Il y a dans cette posture des reproches qui interpellent par bien des aspects. Le moindre est de s’interroger sur ce que cette lettre représente en dehors de son apport historique et éducatif peu particulier.

L’on notera certes que les propos d’Henri Guaino trouvent matière à s’étonner, à s’indigner, voire à regretter que la fibre nationaliste ne soit pas le pain quotidien des enseignants. Mais en réalité il faut voir là encore l’aveu d’un système posant l’émotion comme un facteur de cohésion nationale. Tant pour endoctriner des étudiants que pour agir sur l’opinion en général, l’émotion comme la mémoire ont constitué de précieux recours aux régimes totalitaires. De quoi en effet évoquer des moments nombreux de l’Histoire où des discours hystériques transformaient les hommes en chair à canon. En tout cas, le pouvoir actuel semble bien avoir besoin de donner un tantinet d’enthousiasme à la France et un tantinet d’humanité à son image. Cette lettre, cette mémoire et cette émotion, tout indique qu’on tente de les détourner.

Les mots qui viennent aussitôt à l’esprit pour qualifier cette posture sont propagande et attitude politicienne. Mais ce sont eux justement que l’on voit prendre place dans les coups de gueule des officiels Henri Gaino et Xavier Darcos. Quelque chose leur échappe et visiblement ils entendent le rétablir. Peut-être est-ce là l’essentiel de leurs rôles. Ils se mettent dans la peau de la nation. Et, comme des mal-aimés, montrent qu’alors même qu’ils sont dignes, leurs efforts sont vus à l’aune des partis pris - et, par là, sabotés. Indignité tout à fait à sa place ! Ainsi peuvent-ils dégager leurs discours de l’individuel et du particulier, lui conférant un ton de légitimité absolue. Or ce n’est là que paravents : ces mots, il convient de les appréhender comme une obstruction aux discours cantonnant déjà la droite au pouvoir dans une position condamnable.

Les propos d’Henri Guaino sont à lire tout à fait à rebours : son ton de colère semble vouloir dire qu’il a trouvé la formule qui lui donne raison sur la rébellion des enseignants et en même temps sur les détracteurs de tous bords. En squattant la nation et en donnant l’air de l’intégrer sans réserve en soi, il vole au secours du pouvoir dont il est la plume, la parole incarnée et la figure idéologique. L’offensive, par médias interposés, de BHL si elle pratique la duplicité (dédouanant et tirant d’affaire Nicolas Sarkozy), a au moins permis de montrer jusqu’où le langage du conseiller spécial à l’Elysée peut être truffé de non-dits, de mépris et de fourberie. Le paradoxe d’un tel homme politique est en effet de prêcher le messianisme sans en être méritant d’aucune sorte.

Il y a là qui interpelle par un côté méphistophélique. L’on fait semblant. L’on se montre triste et même très peiné. L’on joue avec les mots en leur faisant dire tout et n’importe quoi. H. Guaino s’interroge sur « ce que doivent être [...] l’éthique et les devoirs d’un professeur dont la nation a payé les études, dont la nation paye les salaires et auxquels la nation confie ses enfants ». Les enseignants... ces traîtres à la nation... ces monstres ! Les mots sont, on le constate ici, d’un autre temps, voire d’une dureté qu’il serait difficile de ne pas associer à la langue d’un caudillo. C’est la langue de bois par ailleurs dans tous ses états et ses désordres, elle se pare de respect et de dignité, mais pour laisser tout le champ à l’arrogance. La France ainsi a franchement des allures de République bananière. Derrière le mot nation, et l’égard de façade, que de servitudes se profilent et que de libertés on entend prohiber ! Henri Guaino use d’un langage paternaliste, en outre culpabilisant, qui vise sévèrement à faire rougir de honte. Les enseignants, pense-t-il d’ailleurs, doivent beaucoup à cette nation ! Lui, il le comprend fort bien : il n’est pas n’importe lequel des Français et son amour pour la France ne souffre d’aucun défaut... Or, voilà... il y a malentendu ! Et il faut bien s’entendre sur le sens que l’on doit prêter aux mots.

La nation manière Henri Guaino ? Les professeurs ne se reconnaissent pas en elle. Et pour cause, elle n’inspire guère confiance. Elle a des tas de choses à se reprocher et comme telle paraît rattrapée par un sentiment de faute. Elle pratique le détournement de la mémoire tant elle est moralement en faillite et qu’elle a besoin de se refaire la face. La vraie nation, elle, est au-dessus des petitesses, ne monnayant rien pour être respectée. Elle est capable de faire sereinement son autocritique. Elle ne s’embarrasse nullement devant les questions humanitaires parce qu’elle en fait sa priorité et son souci permanent.

L’on se demanderait à juste titre d’où est venu l’intérêt de Nicolas Sarkozy ou de Henri Guaino pour un jeune Résistant, par ailleurs communiste, fusillé par les nazis en 1941. L’on se demanderait s’il pouvait exister un lien - si secret et si infime soit-il - qui rapprocherait Guy Môquet d’une UMP s’enfonçant dans les contrées de l’intolérance et de l’intolérable. Mais l’on se demanderait encore plus comment, après un discours comme celui de Dakar, on peut trouver des affinités avec Guy Môquet. N’est-ce pas passer d’un pôle à son opposé ? N’est-ce pas faire semblant ? N’est-ce pas manquer de repères ? Lire la lettre de Guy Môquet aux lycéens, pourquoi pas ? En faire un devoir et lui donner un caractère solennel est une ingérence et un geste liberticide. Cela est une autre histoire et l’éducateur digne de ce nom doit refuser de l’enseigner. Honnêtement, cela équivaut, de par « l’émotion » dont la lettre est censée porter, à dédouaner la seule UMP, à lui faire une virginité.

Laide est sans conteste l’image aujourd’hui du pouvoir en place qui a besoin de liftings. Car, sinon, pourquoi aller chercher des valeurs humaines sur des contrées plutôt communistes. L’esprit d’ouverture du chef de l’Etat ? Surtout pas ! En vérité, l’enjeu est, d’une part, de ratisser large et, de l’autre, de minimiser le chaos dans lequel la politique sarkozyste n’a de cesse d’engouffrer son monde. Tout en prônant un discours de non-repentance, soi-disant pour ne pas s’interdire « d’être fiers » de la France, Nicolas Sarkozy, certes en homme « déculpabilisé », engage son pays dans la voie du chauvinisme, sans un rien de bonne apparence. Quand ce discours ose prôner la haine de la repentance, non seulement il fait table rase du passé colonial et de la critique de ce passé, mais il fait table rase du passé vichyste antisémite et interdit la mémoire. Cet écart, certains ne lui tiendront pas rigueur de le provoquer. Il est le fait toujours est-il des incohérences que lui aura fait accomplir son opportunisme. Chasser sur les terres du FN mène forcément à l’absurde.

Bref, ce serait contrevenir à l’esprit même de la lettre de Guy Môquet que de s’inscrire dans les perspectives inhumaines de l’actuelle UMP. Les professeurs - refusant d’avoir d’autres yeux que les leurs pour voir - ont tout simplement fait acte de maturité et d’indépendance. Autant laisser en effet les lycéens et leur candeur en dehors des calculs machiavéliques. Le devoir d’un éducateur est très certainement de dispenser un enseignement qui permette aux apprenants de déjouer les impostures de quelque sorte qu’elles soient. Le refus des enseignants d’assigner un piètre rôle à cette lettre est bien le signe finalement d’une conscience demeurée intacte.

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mercredi 3 octobre 2007

Cette guerre qu’on aime tant faire...

Article rédigé par
Mohamed-Salah Zeliche
Paru sur AgoraVox le 03 oct. 2007

« Vous avez dit "guerre", monsieur Kouchner, vous n’avez pas tort... »1. Tel est le titre d’un article paru le 24/09/07 dans la rubrique "Opinion’" du Figaro version électronique. A. Glucksman qui en est l’auteur s’étonne qu’un mot du chef de la diplomatie française suffise pour que « les encriers se mettent en ébullition » et que des chancelleries d’Europe occidentale s’appliquent à publier « leur désapprobation d’une façon fort peu diplomatique ». Il compte par là dédouaner le french doctor. Or, pour y arriver, il doit rappeler au monde l’exceptionnelle clairvoyance de celui-ci. Bref, démontrer - fût-ce au prix d’une grille déformante - que cette guerre est à faire.

A le lire donc, on n’avait qu’à prendre au sérieux « la crainte » de Bernard Kouchner - d’autant plus qu’elle découle d’une opinion longuement échafaudée sur la guerre. Crainte qui, soit dit en passant, est aussi la sienne propre. Tout comme celui-ci d’ailleurs, il cite les propos de Nicolas Sarkozy qui, neuf mois avant son accession à la présidence, lui confie, alors qu’il l’interviewe, dans quelle mesure la crise iranienne était « la crise internationale la plus grave actuellement ». Cela, dit-il - comme pour les prendre à témoin -, en présence de Yasmina Reza et de Pascal Bruckner. Il faut dire qu’à cette époque le futur locataire de l’Elysée comblait tous les fantasmes, de paix comme de guerre : l’essentiel étant qu’il donne corps lui-même à ses fantasmes électoraux. Tant et si bien qu’aujourd’hui certaines de ses opinions confinent à des promesses qu’il lui faudra ignorer ou honorer.

Glucksmann, tout en voulant croire encore que Nicolas Sarkozy n’a pas changé d’avis, rappelle que celui-ci avait lui-même prôné la « fermeté » devant les ambassadeurs de France réunis au mois d’août dernier à l’Elysée. En fait, il donne plutôt tout l’air de remarquer le "tort’" de Nicolas Sarkozy qui a désavoué si vite le catastrophisme de son ministre aux Affaires étrangères et qui est revenu sur ce qui aurait tenu lieu de promesse. C’est finalement attendre aujourd’hui du chef de l’Etat un appui indéfectible et compter sans les soins méticuleux qu’il apporte à son image.

Les déclarations de B. Kouchner ne sauraient que désavantager N. Sarkozy, devant l’opinion française et devant l’opinion mondiale. Le fait est que la question atteint tout à coup des proportions effrayantes alors qu’il n’est qu’au début de son mandat. Plutôt que de se laisser embarquer comme malgré lui, il se démarque de son ministre - toutefois sur la forme, non sur le fond. Un peu moins d’empressement et un peu plus de tact auraient mieux valu que l’alarme stridente qui a fait sursauter tout le monde. En tout cas, en empêchant de parler de guerre et en insistant de ne parler que de dialogue, N. Sarkozy inflige déjà à certains de ses amis ce qui s’apparente à un sérieux revers.

Y a-t-il vraiment lieu de se prévaloir de cette « fermeté » ? Glucksmann pense que oui : le moment est fort bien « calculé » et B. Kouchner n’avait qu’à jeter son « pavé dans la mare des non-dits ». A croire que le « nouveau philosophe » pense être le seul à pouvoir parler et comprendre un langage dénué « d’hypocrisie », d’avoir seul le courage d’appeler un chat un chat. Certaines expressions de nos jours, on en conviendrait, comme celle-ci, ont retrouvé une jeunesse expansive : grâce à elles, des plumes se joignent aux voix de certains politiques qui espèrent tronquer la bonne conscience de ses scrupules les plus justifiés. Les linguistes, les chercheurs en analyse du discours et en sociocritique en savent un peu plus sur ces arbres qui entendent couvrir la forêt. En tant qu’ « avant-garde » et bichonnés des médias, côté nouveaux philosophes, l’on est toujours frais et dispos pour venir décréter ce qui est sensé et ce qui ne l’est pas - comme, ailleurs, d’autres déclament leurs fatwas.

L’Iran se dote de sa bombe, il se prépare donc à faire la guerre au monde, à ses voisins tous confondus... Qui le voit ? Qui peut en parler ? Les éclairés le peuvent. C’est dans des termes d’ailleurs allégoriques et prétendument illuminés que Kouchner et sa logique guerrière nous sont présentés : « Lorsque le sage désigne la Lune, les imbéciles contemplent son doigt ». Retrouvons ici la formule nietzschéenne qui fustige l’idéalisme, reprise par Glucksmann page 229 dans son ouvrage Le Bien et le Mal : « voici ce que j’appelle l’idéalisme : apercevoir un lever de Soleil chaque fois qu’on allume une chandelle ». Les « imbéciles » sont, peut-on facilement traduire, la majorité dominante, la foule sourcilleuse, idéaliste, mais ignare et aveugle. Les éclairés, eux : les philosophes nouveaux, la minorité va-t-en-guerre et nullement hypocrite. Eclairés en effet mais, a-t-on envie de remarquer, par les seuls projecteurs que l’on braque sur eux.

Le danger est réel. La guerre inévitable. A. Glucksmann en est certain, qui en sait autant que Kouchner. Les experts l’affirment sans ambages. Encore « deux ou quatre ans » et l’Iran aura sa bombe : il y a « péril en la demeure ». Pourtant des calculs irréfutables et du réalisme dont il se targue, l’on ne retient qu’une vue approximative à la limite de la paranoïa, du doute et du spéculatif. L’on ne saisit dans ses "homélies’", pour éclairées qu’elles prétendent être, que les intérêts si évidents auxquels il est inféodé.

Son intention, tente-t-il de faire croire, n’est que d’éviter que l’Iran atteigne « le point de non-retour ». L’évidence, c’est cela... Il n’y a là rien de pervers. Pourquoi empêcher ce pays de se doter d’une telle bombe ? Mais parce que ceux de cette région du monde se tuent pour un oui et pour un non, ils stagnent encore dans un Moyen Âge du type européen. L’inquisition ! Parce que, d’autre part, il faut en finir avec cet idéalisme sot et naïf qui n’a pas empêché Hitler d’être Hitler ni le Goulag de sévir. En somme, Gilles Deleuze n’a pas tort qui, dans un texte écrit le 5 juin 1977, soutient : « ils [les nouveaux philosophes] vivent de cadavres. Ils ont découvert la fonction-témoin [...]. [Il] n’y aurait jamais eu de victimes si celles-ci avaient pensé comme eux, ou parlé comme eux » 2. Et de fait, ils mettent dans les moules hitlérien et stalinien tous ceux que leurs terribles préconçus leur désignent.

Force est de constater qu’ils investissent dans des stéréotypes, voire dans des concepts creux remplis ou grisés par leur intolérance. Il n’a tenu qu’à un fil que Glucksman ne lance à la face du monde : quiconque n’est pas issu de l’UE doit être renvoyé au Moyen Âge et, de ce fait, n’a droit qu’à des claques. Là en effet quelque chose grince que la pensée digne de ce nom ne saurait concevoir. On lui demanderait pourquoi alors priver l’Iran de son droit de sortir de son Moyen Âge, il répondrait : « c’est évident : il est capable de fabriquer la bombe atomique ». C’est dire à quel point le paradoxal, le racisme et le sectarisme peuvent faire bon ménage.

En Irak, « les Américains sont désemparés » : ils « affrontent un adversaire capable de tuer les siens à l’infini ». L’idée de Glucksmann est ainsi d’annoncer que le génie de certains ne tient que dans leur capacité à provoquer le chaos général. Lequel chaos est plus puissant que les hélicos et les tanks. Force d’un côté et monstruosité de l’autre : voilà qui est assez pour autoriser une guerre... contre l’Iran. Son raisonnement, à cet endroit précis, comme on peut le constater, exécute un saut, une pirouette, si l’on veut : il se connecte à n’importe quoi, pourvu que le ton garde sa gravité. La méthode, pour aller aux déductions escomptées, consiste à plaquer une séquence de l’histoire, un personnage de l’histoire, etc., sur un événement hypothétique. Du réel (ou ce qu’on veut faire passer pour du réel) appliqué sur de l’hypothétique, le tout noyé dans une parole délirante et sans vergogne, rend totale la confusion. Glucksmann, sitôt ses griefs contre l’Irak rassemblés au complet, part à l’assaut de l’Iran. Ne serait-ce que parce qu’il est susceptible de ressembler à l’Irak, l’Iran est sommé d’abandonner sa bombe ou, sinon, de préparer sa tombe. Les mollahs jusqu’aux plus modérés sont, selon lui, incapables de s’émouvoir. Ils sont à même d’immoler 15 millions des leurs « pour la gloire théologique [d’éradiquer] l’entité sioniste ».

Cette conclusion, fondée certes sur une crainte, mais surtout sur un cortège de préconçus, si elle augure le chaos, accorde aux envahisseurs, les alliés en l’occurrence, l’envergure de bienfaiteurs. La victime ? Tiens donc ! Elle n’a que ce qu’elle mérite. Sa résistance est folie et pur fanatisme.

Vous avez dit "guerre’", vous aussi M. Glucksmann, et aucune guerre n’est bonne à faire...

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  1. André Glucksmann, <>, lefigaro.fr
  2. Gilles Deleuze, <>, 1libertaire.free.fr

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vendredi 21 septembre 2007

Quand l’envie va au-devant des faits




Par Mohamed-Salah Zeliche
Paru sur AgoraVox
Le 21 Sept. 2007




L’appel dimanche dernier du chef de la diplomatie française à « se préparer au pire », par lequel il entend attirer l’attention sur le danger du programme iranien d’enrichissement d’uranium, a, dans la foulée, irrité certains et étonné d’autres.

Le dossier du nucléaire iranien se corse. Il donne déjà l’apparence d’un abcès qui tarde à crever. L’on en parle depuis un bon bout de temps. Après le mièvre Dr Douste-Blazy, c’est maintenant au dur Dr Kouchner de s’en occuper. Mais, brutale, l’intervention de ce dernier heurte plus d’un et à plus d’un titre. Tant en France que dans le monde ses propos suscitent de violents remous. En effet, appeler le monde à « se préparer au pire » a tout l’air de tenir d’une intention de guerre. Ce sont pourtant les mots de François Fillon, venant appuyer son ministre aux Affaires étrangères qui ont laissé supposer que la question achève de prendre une tournure dangereuse. Il y a tout lieu de croire que l’on tente cette fois-ci de déterrer pour de bon la hache de guerre. Car, sinon, pourquoi Fillon tient-il tant à « éviter la guerre » ? Si la guerre est loin, quelle est l’importance d‘insister de toute urgence sur l’épuisement de « tous les moyens diplomatiques » ? Autant d’interrogations qui augurent la guerre dans les perspectives françaises les plus actuelles : il y a fort à parier en tout cas que les envies du Dr Kouchner devancent bel et bien ses actes.

L’appel donc de Paris à « se préparer au pire » est aussitôt suivi de la réaction iranienne qui – par médias indignés – accuse le président français de se ranger du côté étasunien – c’est-à-dire et, selon Téhéran, du côté de la guerre. A travers Kouchner c’est la position de N. Sarkozy qui vient occuper le devant de la scène, lequel la République islamique croit reconnaître en lui un va-t-en-guerre. Des termes fortement connotés le dépeignent en tant que celui qui «imite les hurlements américains ». On en convient : il y a là plus qu’une allusion à son prédécesseur Jacques Chirac et son pacifisme durant la guerre d’Irak. Il y a là surtout, dans la vision iranienne, ce qui entend dénoncer l’absence d’une logique de paix dans la politique française d’aujourd’hui.

Le dossier du nucléaire iranien se révèle de loin plus délicat que ne l’a été celui de l’Irak. Tout en faisant craindre « le pire » à la communauté internationale, il laisse sceptique quant aux charges jusque-là retenues et quant à la réalité de la dangerosité, fût-il ce pays rebelle aux recommandations de l’AIEA et à la politique onusienne – politique en réalité de deux poids deux mesures. Tout le monde sait qu’Israël possède la redoutable bombe, mais que pour autant il n’est nullement inquiété. La diplomatie française loin de prêter d’importance à cet état de choses redouble d’imprécations à l’adresse de l’Etat islamique, appelle la communauté internationale à le mettre à genou. Rien n’y fait, du moins à ce stade de l’évolution des choses : les anathèmes de B. Kouchner semblent en deçà de réunir grand monde. Quelque chose tranche dans l’ensemble qui n’est pas clair. La ministre autrichienne des affaires étrangères tance son homologue français, trouvant incompréhensible sa « rhétorique martiale ». Certes B. Kouchner n’a pas que des contradicteurs et son homologue néerlandais, Maxime Verhagen, lors de sa récente visite à Paris, dit être d’accord avec lui pour réclamer de l’union européenne des sanctions même sans l’aval de l’ONU. Il n’empêche que l’âpreté du ton, la façon dont ils semblent vouloir bâcler le dossier, la pression qu’ils entendent l’un et l’autre faire subir à Téhéran, passent outre les examens en cours de l’AIEA , retire surtout toute crédibilité à l’institution onusienne. D’où l’impression très forte d’une démarche quasi solitaire.

Cette attitude loin d’être très diplomatique, vite remarquée par l’opinion, oblige B. Kouchner, aux dernières nouvelles, (non à revoir sa copie) à mettre un peu d’eau dans son vin. De là, l’apparence d’un retour à la raison : selon une information de l’agence Reuters, rapportée le 19/09/07 par Le Monde, il se dit prêt à « laisser le temps nécessaire » à l’AIEA, à se rendre, lui, à Téhéran, à « ne pas renoncer au dialogue ». Que de bonnes volontés ! Non sans laisser voir de l’exaspération, il juge pourtant que « […] ces discussions [diplomatiques] ne peuvent pas durer des années » ; il en appelle au président de la République qui s’est lui-même exprimé en ces termes : « sortir de cette terrible alternative, la bombe iranienne ou bombarder l’Iran ». Il n’y a pas trente six mille solutions… Accorder du temps à l’Iran selon le locataire du Quai d’Orsay c’est tout bonnement faire preuve « d’hypocrisie ». Le fait est qu’il s’est mis en situation de procès et qu’il lui faudra remettre de l’ordre dans ses déclarations précédentes – chose qui prend déjà chez lui l’aspect d’une habitude. Il doit, par exemple, s’expliquer au sujet de son alignement (terme qu’il rejette !) sur la politique américaine, qui, de toute façon, est révélateur des nouveaux rapports de la France avec le Proche et Moyen-Orient.

Dans de telles conditions, et dans la mesure où Israël est activement défendu, la Syrie comme l’Iran ne peuvent qu’être bombardés un jour ou l’autre. Il suffit qu’ils reprennent du poil de la bête pour qu’on cherche à les plier. Ils sont dans le collimateur des alliés qui, d’ailleurs, orchestrent toutes sortes de plans pour saper leur sang-froid. Aujourd’hui les dirigeants iraniens, comme hier sous Saddam les dirigeants irakiens, à plus forte raison sous la pression cynique des sanctions occidentales, n’ont de cesse de rappeler haut et fort le supplice des Palestiniens – voire de se présenter comme leurs sauveurs. L’on se souvient des récents propos tenus par Mahmoud Ahmadinejad, loin de plaire aux inconditionnels de l’Etat hébreu, Kouchner compris. La colère vite déchaînée, souvent scandée de déclarations antisémites/antiaméricaines, en est l’exemple le plus éloquent. Au train où va le matraquage médiatique, l’image du dirigeant iranien, et jusqu’à celle du simple citoyen, prend spontanément des allures « hitlériennes » qui laissent « craindre le pire » et en effet sabotent les perspectives de paix. En un mot, l’Iran n’a pas droit à l’erreur d’une démonstration de force à la Saddam : dans sa puissance prétendue, il y a déjà qui correspond parfaitement aux attentes de ses belligérants : ceux-ci trouvent là prétexte à leur alarmisme.

Franchement, qui aujourd’hui tourne le dos à la paix ? J’ai envie de dire : tout le monde.

Pour citer cet article :

Mohamed-Salah Zeliche, <>,
http://www.sentiers-sentiers.blogspot.com/

Ou

Mohamed-Salah Zeliche, <>,
http://www.AgoraVox.fr/article.php3?id_article=29346

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